Analyse/ AFFI N’Guessan, le prix de la survie politique / Dr Agoubli Kwadjané Paul-Hervé, enseignant

Analyse/ Un mot NAÏF sur l'actualité politique / Dr Agoubli Kwadjané Paul-Hervé, enseignant
Analyse/ AFFI N’Guessan, le prix de la survie politique / Dr Agoubli Kwadjané Paul-Hervé, enseignant

Rester au FPI pour Affi N’Guessan revient à rester dans l’immuabilité et la scissiparité du récit mythique (c’est la mêmeté qui se répète) et croire qu’on pourra changer quelque chose à ce qui, tout en étant figé, continue pourtant d’imposer sa logique à l’histoire : c’est un non-sens total.

Affi N’Guessan ne peut pas gagner la bataille de l’intérieur parce que, outre les logiques positives (l’intrusion de l’Etat dans les affaires du FPI) que lui opposent le camp adverse (partisans et sympathisants mêlés), il semble occulter que la politique ivoirienne tragique et épique à merci ne vit pas sous l’empire de l’objectivité.

    Si Aristote disposait que l’épopée est la représentation des hommes en action, cette représentation même – re-présentation, sur-présentation – est une présentation émue, grossie, anagogique, mystique et sublimée de l’anabase humaine. Et du commun lot des hommes dans leur pérégrination, l’épopée distingue, met à part, sépare de l’ensemble, ceux qu’elle désigne à la grandeur, à l’admiration et à la vénération de et dans l’histoire : les héros. De fait, la logique épique transforme l’histoire en drama, le destin en tragédie. C’est de l’ignorer qui fait que certains analystes et acteurs politiques se trompent d’espaces épistémiques quand ils veulent opposer au pathos de la tragédie qui se joue depuis 1993 au moins, le logos d’une modernité dont les paradigmes ne leur apparaissent pas clairement alors même qu’ils prétendent la porter.

    La sagesse ivoirienne dit pourtant bien qu’il faut se soustraire à l’adversité pour mieux l’appréhender et la dépasser; elle dit bien que le feu de l’action n’est pas la meilleure station d’une prise de décision efficace ; qu’《On ne reste pas dans magnans (fourmis légionaires) pour enlever magnans》 comme l’énonce la synthèse triviale de la leçon. Dans l’arène politique prépositive ivoirienne où nous sommes, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo… avec leurs adjuvants, leurs anti-héros, sont des figures épiques majeures, des héros mythiques dont les semblables sont à rechercher dans le non-lieu du mythe à travers des figures telles Énée et autres Achille, Hector, Ulysse, Soundjata Kéïta, Chaka Zoulou (passés à la légende et au mythe).

        En vérité, toutes les raisons du monde dont il se prévaudra ne réhabiliteront pas Affi N’Guessan aux yeux de ceux pour qui, il n’est qu’un traître : pourquoi? Parce que dans l’espace épique qu’il habite malgré lui, le récit l’a affublé d’un rôle qu’il n’est pas à quelques centimètres de quitter tant qu’il n’a pas compris que la prison où est tenu captif est bien celle du temps. Le temps de l’épique n’est pas le temps de l’histoire, il est fixe comme il est diffus à souhait, figé et extrêmement mouvant en même temps. Rester au FPI pour Affi N’Guessan revient à rester dans l’immuabilité et la scissiparité du récit mythique (c’est la mêmeté qui se répète) et croire qu’on pourra changer quelque chose à ce qui, tout en étant figé, continue pourtant d’imposer sa logique à l’histoire : c’est un non-sens total. Il faut qu’il se libère comme Mamadou Koulibaly l’a fait, comme Guillaume Soro l’a fait. C’est le prix de la modernité sur l’archaïsme, la condition de la survie (politique) car la mort politique n’est pas toujours où l’on croit.

par Dr Agoubli Kwadjané Paul-Hervé, enseignant

lemediacitoyen.com

 

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