Focus santé/ Fontanelle, bébés secoués,… remèdes de grand-mère : repérer le bon geste

Focus santé/ Rituel pour fontanelle, bébés secoués,… remèdes de grand-mère : répérer le bon geste
Se référer à l'avis d'un spécialiste pour la prise en charge du bébé. (DR)

La plupart des adeptes de rituels à l’africaine pour les soins du nouveau-né, estiment  que ces traitements aident les bébés à être plus résistants. Ces derniers tomberaient moins malades par rapport au « petits blancs » qui eux seraient fragiles et peureux. A tous ceux qui tentent de les dissuader, elles rappellent que ces méthodes ont fait des preuves. Les remèdes de grand-mère sont-ils toujours sans risques ? Lemediacitoyen.com  a recueilli l’avis de spécialistes.

Marina 31 ans. C’est la seconde fois qu’elle donne naissance. Et cette fois encore elle a le corps enduit d’une huile particulière. Son bébé est secoué dans tous les sens, mais elle ne craint rien. Il est entre de bonnes mains, celles de sa grand-mère. Il faut qu’elle « enlève la peur » en lui. Son premier enfant est passé par le même traitement de choc. Avant cette étape, le nouveau-né a été purgé avant de prendre son bain.

Carole 24 ans. Elle semble plus anxieuse mais sa belle-mère la rassure : « il faut que je soigne sa fontanelle ». Cette dernière prend soin d’appliquer une mixture sur la tête de l’enfant. La jeune maman boude mais doit faire son lavement ainsi que plusieurs soins.

En Côte d’Ivoire, l’accouchement s’accompagne de plusieurs rituels pour le bien-être de la nouvelle maman et le bébé. Certaines pratiques semblent avoir fait leurs preuves depuis des années, mais d’autres sont décriées par les professionnels de la santé.

Alors que Marina est sereine devant le rituel institué par sa mère, Carole semble tiraillée. C’est que le pédiatre de l’enfant lui a recommandé de laisser tranquille la fontanelle de l’enfant et surtout que cela n’est point une maladie. Cependant, celle-ci peine à faire entendre raison à la grand-mère.

Plusieurs grand-mères africaines sont persuadées et soutiennent mordicus que la fontanelle d’un bébé doit être soignée. Il doit également être secoué pour être débarrassé de la peur. Il se dit également que l’enfant naît avec des « saletés » dans le ventre et qu’il faut le purger avec des écorces afin de l’aider à les évacuer…

Ce sont là autant de pratiques que les médecins interdisent mais que nos mamans continuent d’appliquer aux jeunes parents. Les plus téméraires qui refusent de laisser faire sont vues d’un mauvais œil et taxées de petites blanches. On leur rappelle qu’elles sont-elles même passées par là.

Selon le docteur Noua de la clinique Saint Viateur à Abidjan-Cocody,  on peut avoir recours (en dernier ressort) au lavement d’un bébé mais jamais avec les écorces. Il relève le fait qu’on ne maîtrise pas les quantités et posologies et que les plantes utilisées ne sont pas débarrassées de leurs impuretés. Les conséquences sont relativement désagréables pour le bébé. Lésions anales, ballonnements…

Le pédiatre à travers plusieurs publications sur la question met en avant le fait que la fontanelle n’est pas une maladie. Il y a également certaines mères à qui on recommande d’appliquer des mélanges étranges sur le nombril de l’enfant pour qu’il « tombe vite ». Là encore les sage-femmes ne cessent de mettre en garde. Il faut juste nettoyer avec des compresses propres et une solution antiseptique. Certaines femmes, impatientes y vont de toutes les astuces jusqu’au cube d’assaisonnement exposant ainsi l’enfant aux infections.

Bébés secoués, attention danger !

Secouer vigoureusement les bébés peut s’avérer dangereusement irréversibles pour eux. Selon les professionnels du domaine de la santé ce phénomène s’appelle le syndrome de l’enfant secoué.  Lésion au cerveau, décollement de la rétine voire la cécité, déficits moteur et même la mort sont autant de conséquences de ces gestes qui n’ont l’air de rien.  https://www.youtube.com/watch?v=JgpbidJzB5c

La plupart des femmes adeptes de ces rituels à l’africaine estime que ces traitements aident les bébés à être plus résistants. Ces derniers tomberaient moins malades par rapport au « petits blancs » qui eux sont fragiles et peureux. A tous ceux qui tentent de les dissuader, elles rappellent que ces méthodes ont fait des preuves. De plus, si c’était si dangereux, ceux qui en parlent ne seraient pas en vie.

« Les blancs ne connaissent pas toutes les maladies. Nous ici, on a toujours fait comme ça et les bébés africains sont forts » déclare madame Aké, vendeuse de médicament au marché de cocovico, un marché d’Abidjan Cocody Angré. Elle reconnait que certaines pratiques peuvent être dangereuses et doivent être abandonnées comme le fait d’agiter l’enfant. Toutefois, elle s’offusque de ce que les agents de santé ont tendance à dénigrer les méthodes traditionnelles qui ne seraient pas toutes mauvaises.

 « Il y’a des maladies qu’on soigne seulement à l’indigénat, les médecins ne connaissent pas. » poursuit-elle. Pour dame Aké, il faut trouver un équilibre entre la médecine moderne et celle de nos traditions.

Il n’est pas question de suivre les blancs, ou de dénigrer les traditions de chez nous. Les situations de bébés qui viennent en consultation devraient nous permettre de faire les bons choix. Il est important que les pratiques traditionnelles ne mettent pas en péril la santé de l’enfant, pour cela, il faut tenir compte des conseils des médecins et sage-femme.

En Côte d’Ivoire, une direction de promotion de la médecine traditionnelle existe. Elle est logée sous la coupole du ministère de la Santé. Autant se référer à elle, mieux outillée pour conseiller au niveau du dosage.

Vanessa Alabi 

Lemediacitoyen.com

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