Éducation, un politologue propose une politique de gauche comme thérapie

   Éducation. Geoffroy-Julien Kouao, Politologue et Écrivain a rendue publique une tribune pour proposer des solutions à l’école ivoirienne. L’intégralité de ses propos. 

Tribune: Une politique de gauche pour sauver l’école ivoirienne

   La nouvelle ministre de l’éducation nationale affiche une volonté rassurante de donner un nouveau souffle à l’école ivoirienne, agonisante. Malheureusement, les bonnes intentions ne suffisent pas. Il lui faut des moyens politiques et surtout idéologiques. Au regard de notre système politique, la conduite et la détermination de la politique à un seul siège, la maison présidentielle du plateau.

    L’initiative de réforme, pour atteindre les résultats escomptés, doit plus provenir de là que de la cité des tours administratives. Sur le plan idéologique, la politique capitaliste ou néolibérale, c’est selon, de la majorité laisse sceptique quant à une véritable reforme de l’école ivoirienne. Le problème de la baisse de niveau des élèves et des formateurs est connu de tous. Le nombre pléthorique d’élèves en classe. Nul ne peut atteindre un résultat qualitatif en termes de formation avec un effectif de100 élèves par classes. L’époque des miracles est révolue.

   Pour ne pas trop disperser le lecteur, je prends l’exemple de l’enseignement secondaire général. Selon les chiffres officiels, nous avions en 2018-2019, 2019 établissements secondaires, 37.077 salles de classes avec un effectif de 2.110 .499 élèves. De ce qui précède, nous avons un ratio de 56 élèves par classe.

      Evidemment, dans la réalité, nous avons des disparités, des inégalités abyssales selon que nous sommes en milieu urbain ou rural, dans des quartiers défavorisés ou huppés etc. Toujours, dans le secondaire général, nous avons 61338 enseignants soit 1 enseignant pour 34 élèves. Le ratio est bon si on s’arrête là. Si nous prenons le secteur public, le ratio passe de 34 à 47 élèves par enseignant, inversement dans le secteur privé le ratio connait une baisse de 7 points, soit de 34 à 27 élèves par enseignant.

      Par ailleurs, les chiffres officiels mettent en lumière, un autre problème, idéologique celui-là. En effet, 74% des établissements de l’enseignement secondaire général sont du secteur privé. En Côte d’ivoire, nous avons 1495 écoles privées contre 524 écoles publiques dans le secondaire général. Pour être précis, de 2014 à 2019, l’Etat a construit 2.506 salles de classes. Sur la même période, le secteur privé a construit 8.886 salles de classes. Le contraste est davantage saisissant dans le secondaire technique. Sur les 3421 salles de classes, 122 appartiennent à l’Etat contre 3.299 pour le secteur privé qui englobe 94% de l’effectif des élèves. 99% des établissements secondaires techniques appartiennent au privé.
      L’école est une institution sociale, mais surtout, un service public. Le service public de l’éducation nationale. C’est le lieu d’apprentissage et d’initiation aux valeurs républicaines, citoyennes et démocratiques. L’enseignement de ces valeurs, les orientations idéologiques qui s’y rattachent relèvent de la compétence, sinon exclusive du moins générale, des pouvoirs publics. L’Etat ne peut pas, sauf à renoncer à son essence, à sa mission de service public, abandonner l’éducation de nos enfants et de nos jeunes entre les mains lucratives et malhabiles du capital.
      A l’observation, pour soigner notre éducation nationale, il faut de la dépense publique. Celle-ci nous permettra à moyen et à long termes une forte classe moyenne qui aura une forte potentialité de consommation. Cette classe moyenne sera constituée de cerveaux et de mains expertes capables de créer de la richesse et de soutenir durablement la croissance économique. Il faut revenir à l’houphouétisme, construire davantage d’écoles primaires, de collèges, de lycées et des universités, des établissements préscolaires, primaires, secondaires et supérieurs publics. Par exemple 4.000 salles de classes au secondaire général par an, sur 25 ans. En une génération, nous aurons fait des pas qualitatifs.

Geoffroy-Julien KOUAO
Politologue et Ecrivain, auteur de « Côte d’ivoire une démocratie sans démocrates? La ploutocratie n’est pas la démocratie »

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