Geoffroy-Julien Kouao, politologue :   « Le FPI, le RHDP le PDCI, ont leur place au musée des partis politiques »

Geoffroy-julien Kouao, analyste politique jette un regard sur les partis politiques dits petits. Si pour lui, ces partis ne sont pas une menace pour les partis traditionnels, il faut compter avec les mouvements citoyens.

 

La Côte d’Ivoire dispose d’une pléthore de partis politiques, cela contribue-t-il à  l’enracinement de la démocratie ? 

La démocratie libérale repose sur la liberté. La liberté de créer son parti politique ou d’appartenir à un parti politique. De ce qui précède, oui le pluralisme politique renforce la démocratie.

Les petits partis politiques peuvent-ils s’imposer dans le paysage politique, quand on connait le rôle prépondérant des grands partis politiques à savoir le RHDP le FPI, le PDCI ?

Je ne pense pas. Dans tout système démocratique, il y a des formations politiques et des partis plus modestes en termes d’adhérents. Il est évident que par le jeu des alliances idéologiques et électorales, les grands partis phagocytent les plus petits.

La création de ces petits partis politiques n’est-elle pas suscitée par les grands partis politiques pour leur servir de bras séculier ?

A cours terme non, par contre à long terme avec l’évolution des variables sociologiques et économiques. D’une part, le départ de la scène politique d’Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo d’autre part, c’est certain que les lignes bougeront.

Les petits partis politiques ont-ils un poids dans politique ivoirienne ?

Sociologiquement et politiquement non. Cependant, sur le plan intellectuel, Lider de Mamadou Koulibaly, Nouvelle  Côte d’Ivoire de Gnamien Konan exercent un leadership remarquable. Mais la politique, c’est la légitimité, c’est donc le suffrage et ce n’est pas avec un député ou un maire qu’ils pourront opérer le changement espéré. Il faut aux petites formations politiques plus d’ambition et surtout et d’audace.

Un petit parti politique peut-il remporter la présidentielle ?

En 2020, non. Mais attention, un mouvement citoyen, oui. C’est une hypothèse fort plausible. Seulement, il faut une dynamique intellectuelle et médiatique. Les ivoiriens ne croient plus à la capacité des partis traditionnels à transformer qualitativement la société. Le FPI, le RHDP, le PDCI, ont leur place au musée des partis politiques. Leurs forces qui expliquent encore leur présence, c’est leur maitrise de l’espace et des organes médiatiques.

Lors des échéances électorales, les petits partis politiques rejoignent les coalitions ou des groupements politiques, cela est-il crédible de leur part ?

C’est la conséquence du mode de scrutin, comme expliqué plus haut. Le scrutin majoritaire à deux tours favorise les alliances ou coalitions politiques. Évidemment, comme la rivière au fleuve, les minuscules partis vont vers les plus grands.

En tant qu’expert, quel modèle démocratique, et quel mode de scrutin, proposez-vous pour une démocratie au service du peuple ?

Nous sommes dans un régime présidentialiste, un véritable oxymore démocratique. Je pense que nous devons expérimenter le régime parlementaire. En plus, il faut remplacer le vote secret pour le vote public. Le jour du scrutin, seuls les lieux de vote ouvrent. Pas de bureaux de vote encore moins de bulletins de vote. Les électeurs se mettent en rang derrière leur candidat ou son représentant. A la fin de la journée, on fait le décompte et c’est tout. Ce n’est pas de l’utopie. J’en parle de manière détaillée dans mon dernier livre : 2020 où le piège électoral ? En Côte d’Ivoire le vote secret cache trop de secrets.  

La création de ces petits partis politiques n’est-elle pas la résultante de l’échec des grands partis politiques ?

Le pluripartisme est symptomatique d’une vitalité démocratique. C’est aussi la preuve d’un désir manifeste des populations de participer à la gestion de la cité. Le bipartisme formel aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne est favorisé par le mode de scrutin à un tour. Sinon ce n’est pas la règle. En France, le scrutin majoritaire à deux tours favorise les blocs idéologiques, gauche et droite. En Italie, en Israël, le scrutin proportionnel occasionne le multipartisme. C’est donc une question de suffrage et de mode de scrutin.

Interview réalisée par Eugène Ndri

Lemediacitoyen.com 

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