Réforme de la Constitution, Didier Amani dénonce une “volonté solitaire du président de la République”

Alexandre Didier Amani , activiste pro démocratie est le coordinateur de la  coalition Tournons la page Côte d’Ivoire. Il revient sur l’arrestation des membres de son mouvement dont lui-même le 11 mars 2020 alors qu’ils menaient une action contre la révision constitutionnelle par voie parlementaire. Alexandre Didier Amani se prononce également sur sa promulgation. 

 

Qu’est ce que Tournons La Page ?

Tournons La Page est un mouvement citoyen panafricain présent dans dix pays en Afrique. En Côte d’Ivoire, il regroupe  36 mouvements et  associations, des artistes engagés, des blogueurs, des journalistes et autres acteurs de la société civile ivoirienne.

Que faisiez-vous à Yopougon Siporex le 11 mars et quel était l’objectif de votre action?


Le mercredi 11 mars aux environs de 14 h, nous avons entamé notre campagne citoyenne de diffusion et de sensibilisation auprès des populations de Yopougon sur notre opinion en lien avec  le projet de révision constitutionnelle , c’était le début d’un processus pour l’organisation d’une série  d’activités citoyennes pour demander un référendum.

Finalement, le référendum n’a pas eu lieu. Alassane Ouattara a promulgué la réforme de la Constitution ce 19 mars 2020. Quel est votre commentaire ?


Les changements aussi substantiels en peu de temps avant les élections demandent un débat national qui n’est possible que s’il y a un référendum. Cette révision constitutionnelle n’est ni l’expression, ni l’aspiration du peuple ivoirien. Mais plutôt la volonté solitaire  du Président de la République.
Nous déplorons que le peuple n’ait nullement été associé à cette modification au pas de course. Nous observerons avec attention toutes les conséquences (positives et négatives) de cette nouvelle révision.


Maintenant que le texte est promulgué sans référendum, que compte faire la Coalition Tournons La Page?

Tlpci  continuera après la fin de la crise sanitaire à faire son travail d’éveil citoyen au niveau des populations à la base pour que ces populations puissent prendre une part active dans la vie politique et dénoncer ce qui est injuste.

Cela ne nous empêchera pas d’exprimer par des moyens pacifiques notre désaccord à chaque fois que le gouvernement viole les règles établies.

Comment réagissaient les personnes avec qui vous échangiez à Yopougon Siporex ?


Les populations adhéraient manifestement à cette campagne et elles partageaient  visiblement notre position. Elles nous exprimaient leur volonté de connaitre la date de la mobilisation citoyenne pour demander le référendum.


Sur votre banderole vous semblez opposés à une modification de la Constitution sans consultation du peuple. Qu’est ce à dire?


Effectivement pour TLPCI, une reforme qui touche des points aussi capitaux de la Constitution c ne peut se faire sans l’avis du peuple c’est-à-dire un référendum.


Pourquoi défendez-vous cette position, quand on sait que la Constitution de 2016 prévoit la modification via consultation de l’assemblée nationale?


Toutefois vous convenez avec nous que cela n’est pas la seule voie de modification de la Constitution prévue par la Constitution. Et cette option devait toutefois associer étroitement toute la population, de véritables débats politiques devraient avoir lieu, cela n’est pas possible lorsque le Parlement ne fait qu’enregistrer les décisions du Gouvernement,  aussi notre position est littéralement liée à notre adhésion à la déclaration de Niamey sur les Constitutions  que nous reprenons en ces termes:
’’Il est alors évident que les révisions constitutionnelles décidées au seul profit d’un individu ou d’une minorité sont contraires aux aspirations démocratiques. Bien que de tels changements puissent cadrer avec la loi.Pour cela, des changements constitutionnels substantiels doivent être adoptés par voie référendaire et non pas par vote législatif uniquement »

A quel moment de votre action de Yopougon Siporex avez-vous été arrêtés ?


En plein échanges avec des étudiants d’une grande école située à Siporex, d’ailleurs les populations se sont offusqué de notre arrestation parce qu’elles ne comprenaient pas pourquoi on nous arrête, surtout que c’était une action de proximité sans obstruction de voie.


Que vous etait il reproché ?


Nous avons été conduits au commissariat 16ème arrondissement. Ils nous ont demandés pourquoi nous menions cette action, ils étaient intéressés par nos motivations. Ils nous ont dit que ce que nous avons fait était une manifestation sans autorisation.

Pourtant notre action est une activité citoyenne de partage d’informations d’intérêt général sur la modification de la Constitution, ce qui concerne toute la population. Nous avons aussi, à cette occasion donné notre avis sur le contenu et la méthode de cette révision, ce qui est un droit fondamental garanti à tous les ivoiriens par la Constitution et les traités internationaux.

Ce n’était absolument pas une marche comme on nous le reprochait, nous n’étions pas sur la voie publique, nous n’avons gêné et empêché ni le passage, ni l’activité de personne.

Quelles sont les perspectives de Tournons La Page à moyen terme, vu l’année électorale ?


Nous allons œuvrer pour que les conditions d’une élection présidentielle juste, transparente et crédible soient installées que le résultat des urnes reflète réellement le vote des populations.

Interview réalisée

par Nesmon De Laure

Lemediacitoyen.com

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