Prêts microfinances aux femmes, autonomisation ou dépendance ? Une analyse de Ganhi Stephane, économiste

Stephane Ganhi, économiste de développement, chroniqueur à lemediacitoyen.com

Parmi les bénéficiaires des prêts  de microfinances, une frange se retrouve en incapacité de rembourser  le principal et les intérêts. Elles ont donc recours à d’autres prêts pour continuer à exister. Cela pose le problème du surendettement de ces bénéficiaires . Ce qui a pour conséquence la non-autonomisation de ces femmes mais plutôt leur dépendance.

 

Le 8 mars de chaque année et une journée dédiée à la femme à travers le monde. Cette journée permet de mettre en valeur ces vaillantes dames qui par leurs activités améliorent nos vies.

En Côte d’Ivoire la particularité de cette journée est marquée par des manifestations à l’endroit de nos mères sur l’étendue du territoire par des activités éclatées. L’une des particularités en Côte d’Ivoire est la mise en place du secrétariat d’Etat chargé de l’autonomisation de la femme.

Le caractère institutionnel de cette action marque un acte fort dans la démarche du gouvernement pour une indépendance financière de cette catégorie de personne qui vit dans l’informel à grande majorité.

Force est de constater que ce vocable de l’autonomisation de la femme cristallise les énergies des ONG, des philanthropes et acteurs du gouvernement.

L’autonomisation de la femme dans notre pays rime-t ’elle avec la vente de microcrédits en vue de réaliser des activités génératrices de revenus pour les bénéficiaires ?

La réponse à cette interrogation se construira autour de deux hypothèses :

La vente de microcrédit par les IMF (Institutions de Microfinance)

Les institutions de microfinances en vue d’accroitre le portefeuille client s’adonnent à la vente des microcrédits à l’endroit des femmes du secteur informel. Ces institutions de microfinances ont pour objectif de faire des bénéfices et de pérenniser leurs activités sur le long terme, pour cela elles ont recours à la vente des microcrédits et la mise en place de dispositifs pour recouvrir les crédits accordés.

Parmi les bénéficiaires de ces prêts, une frange se retrouve en incapacité de rembourser  le principal et les intérêts et ont donc recours à d’autres prêts pour continuer à exister. Cela pose le problème du surendettement de ces bénéficiaires . Ce qui a pour conséquence la non-autonomisation de ces personnes mais plutôt la dépendance.

A titre d’illustration sur un échantillon de 1000 foyers dans le secteur de l’informel après une étude sur le terrain dans l’ouest et centre ouest de la Côte d’Ivoire, le constat est que plus de 60% des bénéficiaires des microcrédits se retrouvent en situation de surendettement. Le reste des bénéficiaires sont pour la majorité des personnes détenant aux préalables des activités et donc contracter les prêts leur permet d’agrandir ou de développer leur activité.

Le rôle des ONG et des philanthropes

L’avènement des réseaux sociaux a permis aux philanthropes et ONG de promouvoir leurs activités qui  pour la collecte de dons ou d’action allant dans le sens de l’aide à octroyer aux femmes dans le besoin pour démarrer une activité génératrice de revenu avec pour objectif l’autonomisation de ces dernières.

Ces actions qui se font de manière non organisée ont le mérite d’apporter un soulagement aux bénéficiaires à court terme. Ainsi donc se pose la question du suivi de ces actions sur le long terme. Que deviennent les bénéficiaires ? Sont-elles autonomes comme il a été prévu au départ des actions ? Ou faisons-nous face à un effet de mode qui utilise la fibre émotionnelle pour une visibilité au plan national des instigateurs de ces actions ?

Dans un cas comme dans l’autre, l’autonomisation de la femme revêt un caractère primordial pour nos économies en vue d’une croissance économique inclusive. Pour cela le secrétariat en charge de l’autonomisation de la femme de concert avec les ministères de l’économie et des finances, de la promotion des PME, de l’artisanat, mette sur pied la carte de l’agent économique. Cette carte permettra d’identifier les acteurs du secteur informel ce qui permettra au secrétariat en collaboration avec les banques de définir des stratégies à court et long terme.

Par Ganhi Stephane

économiste de développement,

spécialiste de l’inclusion financière

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