Reportage/ San Pedro, projet de centrale à charbon, un projet controversé 

Salomon Koffi présentant les enjeux climatiques liées aux énergies fossiles aux représentants des populations de San Pedro, le 26 mai 2019 à la salle du Rotary Club. (LMC)

Les Jeunes Volontaires pour l’Environnement, membres  de la plateforme Afrika Vuka ont provoqué le débat à San Pedro (Sud-Ouest) autour du projet de construction d’une centrale à charbon dans la localité le 26 mai 2019, journée  de l’Afrique .

 

Le projet de centrale à charbon de San Pedro alimente les débats. Il a dominé les échanges lors du Forum communautaire sur les énergies renouvelables dans la localité. Le sous thème de la rencontre est intitulé: Stop aux combustibles fossiles en Côte d’Ivoire.

Les environnementalistes Salomon Koffi et Anselme Dimitri Sié des Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE), présentent le tableau. Ils définissent les termes. Ils présentent les avantages et les inconvénients des différentes sources d’énergie.

A côté de la productivité des centrales à charbon, l’assistante est instruite sur ses inconvénients. Les présentateurs égrainent  notamment la pollution de l’eau, des sols, de l’air. « A la base, cette énergie fait suite à la combustion de la ouille qui est une matière qui produit dans l’atmosphère des gaz qui sont très dangereux, ils peuvent entraîner le cancer, les maladies cardiovasculaire. Au contact avec l’homme, ils peuvent entraîner automatiquement la mort. Il y a donc des inconvénients sur l’environnement, mais également sur les communautés, la population », met en garde Salomon Koffi.

« Je suis choqué de savoir que nous populations sommes en danger et nos élus locaux ne réagissent pas. Il faut que nous expliquions à ceux qui autorisent la construction pour avoir les purges. Il faut que nous l’expliquions à la population et que nous empêchions cela par tous les moyens », est indigné Téré Marcel, un ressortissant de San Pedro qui semble découvrir pour la première fois les effets du charbon.

Le doyen Inagohi, chef de terroir, a suivi la rencontre. Interrogé par lemediacitoyen.com, il explique qu’il ne savait rien des effets nocifs d’une centrale à charbon.

« Les effets négatifs de la présence de cette thermique ici ne nous ont pas été expliqués. On nous a parlé des effets positifs. Quand j’ai su les effets négatifs, j’ai interpellé le maire de l’époque Nado Clément. Je lui ai dit d’en prendre connaissance. C’est nous qui sommes les représentants de cette population. Il ne faudrait pas que nous la conduisions à la dérive. Si c’est une hécatombe, faisons attention. Depuis ce temps, le comité de suivi ne se réunit pas. Ou soit il se réunit, mais il ne nous fait pas appel », révèle-t-il.

« Nous participons à des délibérations d’études mais pour la centrale, nous n’avons pas encore été sollicités pour l’étude d’impact environnemental. Nous ne savons pas si elle a eu lieu. On n’empêche pas un projet mais que ceux qui font le projet convainquent la population », estime pour sa part,  Bobo Camille, président de la plateforme des ONG de San Pedro pour l’environnement.

Une étude d’impact toujours en cours selon le DR environnement

Des représentants de l’administration locale et plusieurs associations et mouvements  ne partagent pas toujours les inquiétudes exprimées.

Le Colonel Tokpa Tissé Bernard , directeur régional de l’Environnement et du Développement durable regrette que les interventions s’appesantissent sur le projet de centrale à charbon. « Il faut encourager nos parents à domestiquer le renouvelable qui contribue à réduire les effets des gaz à effet de serre. En campagne, les panneaux solaires ont leur place mais le coût est élevé.  Il faut développer des discours pour l’acquérir à moindre coût ».

Pour lui, « l’étude d’impact environnemental est en cours. L’Etat donne à des cabinets la possibilité de faire une étude approfondie. Ce sont ces études qui vont parler de la toxicité. N’Y a-t-il pas eu d’études pour réduire la pollution à partir du charbon ? Vous ne pouvez pas constituer un front au projet de centrale à charbon si vous n’avez pas tous les éléments. Il ne faut pas créer des germes de rébellion au sein de la population », s’offusque-t-il.

Les représentants des communautés ont répondu massivement présents à la rencontre pour être éclairés sur les énergies renouvelables et la lutte contre l’énergie fossile. (LMC)

Seydou Camara est le  président fondateur de l’ONG  Santé pour tous, président du  Réseau  des ONG et Mouvements associatifs et coopératifs du Sud-Ouest. Il pense lui aussi que les volontaires venus d’Abidjan vont vite en besogne.

Mme Boko Coulibaly, responsable environnement au groupement des consommateurs de San Pedro exprime, quant à elle, son incompréhension. «  Au Ghana , ils nous disent que l’électricité vient de la Côte d’Ivoire. Comment se fait-il que nous devrions encore construire une centrale à charbon »

Rebondissant sur le sujet, Anselme Dimitri Sié, environnementaliste JVE  insiste: «  les gaz à effet de serre sont à l’origine du réchauffement climatique. Depuis le dernier conseil des ministres en 2016, nous avons mené des enquêtes. Nous sommes venus à San Pedro et avons échangé avec la société civile. Elle nous a fait part ce que le côté négatif d’une centrale à charbon ne lui a pas été présenté. Notre rôle est d’emmener les populations à comprendre ce projet. Nous échangeons avec des membres du gouvernement et nous pouvons affirmer que le gouvernement est partagé sur le sujet. » 

Salomon Koffi, lui réfute l’accusation de rébellion. « Nous sommes venus avec des mots pour conscientiser sur les dangers et non avec des armes de guerre. Les centrales à charbon ont  des impacts négatifs. Il faut que les populations le sachent », affirme-t-il.

En tous cas, c’est dans une ambiance parfois surchauffée que les échanges ont  lieu. Cette ambiance témoigne de la nécessité de débattre davantage sur les enjeux environnementaux.

L’étude d’impact environnemental et social est une étude que doit mener toute entreprise  dans une société. C’est une loi du ministère de l’environnement depuis 1996. Le processus consiste à venir sur le terrain, à faire une analyse exhaustive à partir des termes de références éditées. Cette étude emmène un cabinet agréé par le ministère de l’environnement à mener sur le terrain. « Selon les descriptions de la centrale , elle va produire deux fois 350 mégawatts. Pour nous, c’est énorme. Il faut s’attendre à des inconvénients importants pour les communautés et l’environnement », prévient Salomon Koffi.

Comme à San Pedro au sud ouest ivoirien , d’autres environnementalistes de Afrika Vuka ont manifesté le même jour à travers plus de 20 pays en Afrique pour dire non aux combustibles fossiles.

Nesmon De Laure, de retour de San Pedro

Lemediacitoyen.com

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