Traque d’activistes et militants politiques, Amnesty International interpelle Ouattara à l’occasion du 7 août

Valentin Kouassi de la jeunesse du PDCI listé par Amnesty International parmi les personnes qui ont vu leur droit à la différence bafoué en 2019

Dans l’ adresse à la nation sous forme d’interview, ni Alassane Ouattara ni le journaliste ont abordé la question des droits de l’homme. Pourtant, depuis le début de l’année, les acteurs de droits de l’homme  comme Amnesty International dénoncent une restriction de l’espace civique.

 

Quelques heures avant   l’intervention télévisée du président de la République le 6 août 2019, l’ONG  Amnesty Internationale a produit un communiqué pour interpeller sur la restriction de l’espace civique. « Les célébrations prévues demain ( ndlr août)  pour la fête de l’indépendance sont une occasion que le président Alassane Ouattara et son gouvernement doivent saisir afin de respecter et de promouvoir les droits à la liberté d’association, d’expression et de réunion pacifique »,interpelle Marie-Evelyne Petrus Barry depuis Dakar.

Elle déclare que « Les autorités ciblent et arrêtent des militants et des opposants uniquement parce qu’ils expriment leurs opinions politiques ou organisent des manifestations pacifiques. Le gouvernement doit tous les libérer immédiatement et sans condition et veiller à ce que nul ne soit arrêté ni incarcéré pour de tels motifs. »

Au total, l’ONG relève que quatorze militants ont été interpellés depuis le début de l’année 2019  dans le cadre de la répression qui vise les voix dissidentes, dont le cybermilitant Soro Tangboho, alias Carton Noir. Sa condamnation à un an de prison a été alourdie le 7 juin 2019  et fixée à deux ans à l’issue de son procès en appel.

Quelques cas rapportés dans le communiqué de l’ONG :   

« Carton Noir a été arrêté de manière arbitraire le 8 novembre 2018 à Korhogo, dans le nord du pays, alors qu’il diffusait en direct sur Facebook une vidéo montrant des policiers qui, selon lui, étaient en train d’extorquer de l’argent à des motocyclistes.

Accusé de « troubles à l’ordre public » et d’« incitation à la xénophobie », il a été arrêté et condamné à un an de prison. Le 7 juin 2019, un procureur a fait appel de cette sentence et le 24 juillet, son nouveau procès s’est ouvert. Il a été condamné en appel à deux années d’emprisonnement, le 31 juillet.

Avant la condamnation de Carton Noir, le 23 juillet, six membres des Indignés, une coalition de la société civile, ont été arrêtés devant le siège de la Commission électorale alors qu’ils devaient rencontrer des responsables à la suite du report d’un rassemblement pacifique prévu ce jour-là.

Nahounou Daleba, membre de la coalition, a déclaré à Amnesty International :
« Nous avions reporté notre rassemblement et étions en chemin pour une réunion avec la commission électorale. Mais nous avons été surpris de voir des tanks et des policiers devant le bâtiment. Ils nous ont arrêtés et conduits au poste pour nous interroger, en l’absence d’un avocat. Ils nous ont gardés jusqu’au lendemain. »

Les membres de l’opposition sont eux aussi harcelés.

Le professeur Bamba Moriféré, président du parti d’opposition Rassemblement du Peuple pour la Côte d’Ivoire (RPCI), a été arrêté le 7 juillet à Abidjan et conduit au poste de police, avant d’être relâché quelques heures plus tard. Il était l’un des principaux organisateurs d’un rassemblement, le 6 juillet, regroupant des opposants et des militants de la société civile pour dénoncer la non-gratuité des cartes d’identité biométriques et le projet de loi réformant la Commission électorale indépendante. Le 11 juillet, il a de nouveau été interrogé par la police et accusé d’ « incitation à l’insurrection, xénophobie et troubles à l’ordre public ».

Le 1er juillet, le jeune opposant Valentin Kouassi a été arrêté par la police et conduit dans un lieu tenu secret, sans pouvoir consulter ses avocats, à la suite du rassemblement qu’il a organisé le 23 juin dans la ville d’Adzopé, dans le sud du pays. Il a été relâché par la suite, placé sous surveillance judiciaire, inculpé de troubles à l’ordre public et s’est vu interdire de s’exprimer en public et sur les réseaux sociaux au sujet de l’actualité, et de participer à des rassemblements. »

Nesmon De Laure

Lemediacitoyen.com

 

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