Violences sexistes en ligne, un rapport cite Simone Gbagbo, Kandia Camara et Odette Lorougnon parmi les grandes victimes

Violence sexiste en ligne. Un rapport révèle que 7 femmes politiques sont invectivées chaque mois en Côte d’Ivoire. 

En Côte d’Ivoire, il y a en moyenne 7 femmes engagées en politique  qui sont invectivées chaque mois. Au nombre d’entre elles, 4 subissent le plus grand nombre d’attaques en ligne.  

Il s’agit notamment de Simone Gbagbo, Odette Lorougnon, Thessa Kouamé et Kandia Camara. Elles représentent 76,35% des cas d’invectives répertoriées dans le cadre de l’exécution de la deuxième phase du projet monitoring de la désinformation en ligne en Côte d’Ivoire réalisé d’Août à novembre 2021. L’information a été donnée ce lundi 6 novembre 2021, au cours d’une conférence de presse organisée par l’Observatoire ivoirien des droits de l’homme (OIDH) à son siège sis à Abidjan Cocody. 

Selon le rapport, les attaques ciblant Simone Gbagbo tendent à la présenter comme une personne frustrée du fait de la procédure de divorce en cours. Ses choix et positions politiques sont réduits quasi-systématiquement à des intrigues conjugales. Doublé d’un recours aux stéréotypes, certaines violences à son encontre clament sa prétendue incapacité à pouvoir s’affirmer sans le nom de son époux. 

Odette Lorougnon est la cible d’attaques récurrentes visant non seulement ses facultés mentales, mais aussi son physique. 

Thessa Kouamé a été victime d’injures sexualisées, des propos malveillants portant sur ses facultés mentales et intellectuelles. Ces attaques, pour certaines, sont allées jusqu’à des menaces ouvertes en vue de l’intimider et de la faire taire. 

Quant à Kandia Camara , les invectives portant principalement sur ces facultés intellectuelles viennent affirmer la constance des critiques et caricatures qui tendent à la présenter comme une personne incompétente et inculte. 

« L’OIDH a observé 158 cas issus de 51 plates-formes facebook dont 14 se rapportent aux pages et profils des politiciennes invectivées. 81,1% de ces cas de violences ont été répertoriées sur des pages partisanes, généralistes et ont visé aussi bien les femmes politiques proches de l’opposition que du parti au pouvoir. La taxonomie des préjudices subis qui s’en dégage révèle des attaques individuelles et des préjugés socioculturels. Elles se rapportent à trois formes de violences à savoir les violences psychologiques qui représentent 94%, les violences sémiotiques 4,50%, et les violences sexuelles 1,50 % », a fait savoir le Coordonnateur du projet Yannick Anaky.

Cette période d’observation a également permis d’identifier un ensemble de mots-clés utilisés constitués de propos sexistes, des animalisations, injures sexualisées et des diabolisations pour porter préjudice aux femmes politiques. 

Pour  atténuer les impacts de la violences en ligne et de la désinformation aux cours des processus politiques et électoraux à venir, l’OIDH qui a également observé 148 groupes, pages et profils facebook et détecté 12 cas de désinformation a formulé quelques recommandations à l’endroit du gouvernement ivoirien, des acteurs politiques, des administrateurs des plates-formes ou fora de discussion à caractère politique et des pages de proximité, des acteurs des médias ainsi que la société civile. 

Il s’agit pour le gouvernement de « maintenir le dialogue politique avec l’ensemble des parties prenantes au processus électoral, garantir un accès équitable des médias publics à l’ensemble des sensibilités politiques du pays, sensibiliser à la violence à l’égard des politique en tant que problème pour la démocratie, les droits de l’homme et l’égalité des sexes, Former les acteurs étatiques et le grand public aux problèmes des violences contre les femmes en politique, mettre en place des mécanismes pour recueillir des témoignages sur les violences faites à l’égard des femmes ».

Aux acteurs politiques, l’OIDH suggère la prise de mesures nécessaires afin d’éviter la propagation ou la diffusion de fausses informations par des pages ou comptes relevant de leur responsabilité la sensibilisation et formation de leurs militants et abonnés sur les bonnes pratiques démocratiques, ainsi que l’offre de formation des militants sur la  sensibilité au genre et le harcèlement sexuel. 

En ce qui concerne les administrateurs des plates-formes ou fora de discussion à caractère politique et des pages de proximité, il s’agit à leur niveau d’élaborer une charte commune incluant des sanctions contre les membres de leur fora qui publient des discours haineux, xénophobes, sexistes ou les fausses informations de nature à troubler l’ordre public. Mais aussi de veiller à une modération rigoureuse des contenus publiés sur les fora de discussion.

Les recommandations invitent également les acteurs des médias à la couverture d’actualité socio-politique et électorale en observant les principes, les règles déontologiques et éthiques régissant la fonction du journaliste, à la création des laboratoires de fact-checking au sein des rédactions, ainsi qu’à la sensibilisation des usagers aux méfaits de la désinformation et à la nécessité de protéger certaines couches sociales vulnérables qui sont régulièrement victimes dont les femmes engagées en politique.

Les acteurs de la société civile sont pour leur part invités à promouvoir l’éducation aux médias et à l’information, créer une synergie d’action entre les acteurs de la société civile travaillant sur la thématique de la désinformation et des violences en ligne, et sensibiliser les populations sur les dispositions légales réprimant la diffusion de fausses nouvelles et la violence en ligne. 

Cette initiative vise à atténuer l’impact des fausses informations sur le processus politique et rapporter les cas de violences en ligne contre les femmes engagées en politique. Elle a été mise en place en juin 2020 juste après le processus électoral par l’OIDH avec l’appui financier du National Endowment for Democracy (NED) et le soutien technique du National Democratic Institute (NDI). 

Marina Kouakou

Lemediacitoyen.com

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