Les congés de paternité en Côte d’Ivoire, qu’en est-il réellement ?

Un enfant qui bénéficie de l'affection de son père

    Le congé de paternité est un droit accordé aux fonctionnaires et agents de l’État à l’occasion de la naissance de leur progéniture. La Côte d’Ivoire a fait un pas important vers une meilleure implication des pères dans l’éducation des enfants en portant la durée du congé de paternité à 21 jours calendaires depuis le mois de novembre 2023. Elle a été annoncée sur la nouvelle chaîne ivoirienne (NCI) a la période du 4 janvier 2024. Selon cette même source, cette loi a été adoptée par l’assemblée national en attendant les décrets d’application. Mais quelle est l’importance réelle de ces congés ? Comment impactent-ils les pères, les enfants et la famille ? Nous avons approché quelques travailleurs pour connaître les réalités.

     A  Abidjan, dans la commune de Cocody, notre reporter a tendu le micro aux salariés du secteur privé et à ceux du public.  Docteur Alain Yeo, médecin microbiologiste à l’Institut Pasteur, explique  qu’il est indispensable pour l’homme de bénéficier des congés de paternité :

    « En tant que père, j’ai eu à bénéficier de trois jours de congé et ce n’est pas suffisant. C’est tout à fait normal qu’on puisse bénéficier de ce congé, pour déjà renforcer les liens au sein de la famille, parce qu’il y a un nouveau membre qui arrive, donc c’est toute une organisation qui sera mise en place, donc l’existence doit être un peu bouleversée, il y a les changements qui seront opérés au sein de la famille, donc l’homme doit pouvoir participer à ces changements-là. Donc on doit accepter d’apprendre, on doit prendre le bébé, comment le positionner, le changer, tout ça, donc c’est un apprentissage ». Affirme-t-il.

    Contrairement à Monsieur Moulaye Diomandé exerçant dans le domaine de l’hôtellerie, n’a pas eu cette chance de profiter de ces congés : 

    « Alors durant mon parcours, je n’ai pas eu cette chance de profiter de ce congé. Tout ce que je sais, on me dit, c’est deux jours, mais comme je n’ai jamais profité, je ne sais vraiment pas quels sont les avantages et comment ça se passe. Si j’ai l’opportunité de bénéficier des congés de paternité, cela me fera énormément plaisir ». Explique-t-il.

    Il a aussi profité pour lancer un appel aux entreprises qui ignorent ce droit qui leur revient de droit. 

    Le congé de paternité, on l’a dit, dans le but d’épauler les mères dans les premières semaines de la naissance. Que pensent ces mères de ces congés de paternité ? Trouve-t-elles nécessaire ou non ?

                L’avis des femmes à propos des congés de paternité

    À ce propos, Madame Anne Kebo prétend qu’il n’est pas nécessaire qu’un homme bénéficie de trois semaines de congés :

    « Un congé de paternité de trois semaines, c’est beaucoup, parce que les hommes ne vont rien faire. C’est en Europe que les hommes aident leur femme, en Afrique ils ne vont jamais aider leur femme. Au contraire, ils vont bien se promener, ils vont aller boire, faire tout ce qui va énerver la femme. Qu’ils prennent trois jours, c’est bon ». Se prononce-t-elle sous un air conséquent.

    Pareillement, madame Esther Baudot partage le même avis, selon elle, il faut aussi un minimum de jours :

« Congés de paternité ?  Je me demande s’ils y ont droit ?  Et qu’est-ce qu’ils vont en faire ? Le congé de paternité, bon, on va juste leur donner deux jours, ça suffirait pour eux. Trois semaines, c’est trop. Quand il va prendre ses congés annuels, il va s’occuper de son enfant. Et encore là, si on le retrouve à la maison ». Raisonne-t-elle.

          Les travailleurs du secteur privé adressent un plaidoyer à l’endroit du gouvernement

    Après plusieurs échanges avec les travailleurs du secteur privé et du public, un nombre important d’employés du secteur privé a exhorté le gouvernement ivoirien à être plus regardant sur les travailleurs du privé en ajoutant que, bien que ce secteur occupe une place importante dans l’économie ivoirienne. Les travailleurs de ce secteur sont souvent laissés pour compte et leurs droits ne sont pas toujours respectés.

    L’application donc effective du droit au congé de paternité en Côte d’Ivoire n’est pas seulement une justice sociale, mais un investissement crucial dans le bien-être des enfants, des familles et de la société tout entière. En mobilisant tous les acteurs concernés, nous pouvons faire de ce droit une réalité pour tous les pères ivoiriens, en contribuant ainsi à bâtir un avenir juste et harmonieux pour tous.

 

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Ruth Assoko 

Lemediacitoyen.com

 

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