Santé/ Lutte contre la rage : ‘’Objectif zéro cas de rage à Abobo à partir de 2024’’, Touré Moustapha

     La rage est une maladie virale grave qui fait des victimes à travers le monde. La Côte d’Ivoire enregistre en moyenne par an 20 décès liés à la rage avec de nombreux cas d’exposition.
A la faveur de la journée mondiale de la rage prévue ce samedi 28 septembre, dont le thème est ‘’ Briser les barrières pour l’élimination de la rage, lemediacitoyen.com est allé à la rencontre des responsables du poste avancé de vaccination d’Abobo Anonkoi Sogegare. Touré Moustapha, infirmier et chef de ce service dévoile la stratégie mise en place pour venir à bout de cette maladie.
Interview.

Touré Moustapha, chef du poste de vaccination d’Abobo Anonkoi Sogegare

Qu’est ce que la rage et comment se transmet-elle ?

    La rage est une maladie virale causée par un virus neurotrope qui s’attaque au système nerveux central.
Elle est transmise par la salive des mammifères à sang chaud tels que les chats, les chauves-souris, les chiens, les moutons, les bœufs etc., souvent par morsure, griffure ou léchage d’une lésion cutanée. Toutefois les chiens sont à 99% responsables des cas de rage. Il ya des cas de transmission de rage d’homme à homme bien que cela soit très rare.

Combien de patients recevrez-vous par semaine ?

   Notre poste de vaccination d’Anokoi Sogegare reçoit en moyenne 16 personnes par semaine. Il s’agit généralement des cas de morsure de chien. L’antenne d’Abobo Baoulé de laquelle nous dépendons reçoit en moyenne 30 à 35 cas d’exposition à la rage par semaine.

Quelles sont les personnes les plus exposées ?

   Les personnes les plus exposés à la rage sont les enfants parce qu’ils sont très souvent en contact avec les animaux domestiques. Les victimes de la rage sont le plus souvent des enfants dont la tranche d’âge varie entre 5 et 14 ans.

Comment se fait la prise en charge en cas de morsure ? Et quel est le traitement adapté ?

   En cas de morsure nous faisons un traitement vaccinal de 6 doses répartit comme suit : le premier jour ou J0 le patient reçoit 2 doses, 3 jours après (J3) le patient reçoit 2 doses puis 4 jours plus tard (J7), le patient reçoit les deux dernières doses.

Que faut-il faire en cas de morsure de chien ?

   En cas d’exposition ou de morsure de chien, il est recommandé de laver la plaie abondamment avec de l’eau et du savon pendant au moins 15 minutes. Cela permettra d’éliminer une bonne part du virus au niveau du point d’exposition. Puis cette personne doit se rendre dans un centre de santé le plus proche. Si, au sein de ce centre , il y a une équipe de l’Institut National d’hygiène publique (INHP), elle fera la prise en charge avec le traitement adéquat. A contrario, cette personne sera orientée vers une antenne ou poste de vaccination de l’INHP comme le nôtre.
En ce qui concerne la prise en charge en cas de rage confirmée, elle se fait à l’hôpital par une mise en observation du patient, en faisant des soins palliatifs en cas d’agitations.

Le traitement contre la rage est- il efficace ?

   Le vaccin contre la rage est efficace à 100%. Lorsque le traitement post- exposition est bien fait, cela empêche le patient de manifester les symptômes de la maladie.
Le vaccin contre la rage est- il accessible à toutes les bourses ?
Depuis le 1er juillet 2024, grâce aux organismes internationaux et à l’Etat, le coût du traitement est passé de 32.000 voir 40.000 F CFA en fonction du protocole utilisé (Zagreb ou Essen) à 12.000 F CFA à raison de 2000 F CFA/dose pour un traitement complet de 06 doses.
Concernant la vaccination préventive, le coût est estimé à 4 000 F CFA à raison de 2 doses par semaine.

Quels sont les symptômes qui apparaissent chez une personne atteinte de la rage ?

   La rage se manifeste sous deux formes. Une forme silencieuse caractérisée par un état de silence de la personne atteinte et une forme plus virulente manifestée par des cris, des agitations etc. Les premiers symptômes sont semblables à ceux du paludisme avec la fièvre, les courbatures etc. Il faut ajouter que les personnes atteintes de la rage sont beaucoup réfractaires à l’eau et à la lumière.

Peut-on guérir de la rage ?

   Les effets de la rage sont irréversibles. Il n’existe pas de traitement curatif de la rage. C’est une maladie mortelle à 100% .Pour cela nous demandons à la population de venir systématiquement après une exposition pour une prise en charge rapide car on ne maîtrise pas la phase d’incubation du virus. La maladie peut se manifester après exposition dans les mois qui suivent ou le virus peut rester latent plusieurs années que les symptômes se manifestent.

Quelles sont les dispositions à prendre pour éviter la rage ?

   La rage est une maladie qu’on peut éradiquer facilement. Nous incitons la population à faire vacciner les animaux domestiques. Car le chien est en amont dans la chaine de transmission du virus de la rage. Au niveau du ministère on nous demande d’atteindre un taux de vaccination de 70% des animaux. Si nous parvenons à cette couverture vaccinale nous serons en mesure d’éradiquer la rage.
Aussi, la prévention est essentielle pour se prémunir contre la rage. Les doses préventives de vaccins antirabiques réduisent la progression du virus en post-exposition.

Pensez-vous que la maladie de la rage est négligée par la population ?

   La population ne dispose pas malheureusement assez d’ informations sur la maladie de la rage. C’est pour cela nous voulons insister sur le volet sensibilisation.
Le ministère de la santé de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle et l’INHP mènent des actions de sensibilisation à l’endroit des populations et des communautés. Ce, pour les informer sur la dangerosité de la maladie ainsi que les moyens de se prémunir.

Quelles sont les organes ou structures engagés dans la lutte contre la rage ?

   La lutte contre la rage fait intervenir plusieurs acteurs et ministères. Ce sont entre autres le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, à travers l’INHP . Le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH), à travers la Direction des Services Vétérinaires qui établit un système de surveillance en santé animale. Aussi, il existe le Programme National de la lutte intégrée contre la rage (PNLIR).

Quelles est la politique des autorités sanitaires et la stratégie adoptée pour la prévention de la rage ?

    L’INHP sous l’impulsion du ministère en charge de la santé s’occupe de la gestion des cas de rage. Il y’a d’ailleurs 30 antennes de vaccination de l’INHP installées dans toutes les régions de la Côte d’ivoire avec des postes avancés dans 113 districts sanitaires pour se rapprocher davantage des populations.
En terme de stratégie, le PNLIR a élaboré une stratégie nationale de lutte intégrée contre la rage dont l’objectif est l’éradication de la rage à l’horizon 2030. Aussi à l’occasion des journées mondiales de la rage, l’INHP mène des activités de sensibilisation de grande envergure dans une ville choisie pour l’occasion ; généralement une ville ayant enregistré le plus de cas confirmés. Pour cette année la célébration se fera dans la localité de Bouna .

Photo prise avec les responsables du poste avancé d’AAS

 

Lire aussi:
Sensibilisation sur les questions migratoires, un réseau de communicateurs voit le jour

 

Comment au niveau des antennes et des postes avancés vous vous organisez pour venir à bout de la rage ?

    Nous mettons en place plusieurs systèmes pour faire la surveillance. D’abord nous enregistrons les cas de rages. Lorsque plusieurs cas proviennent d’une même zone nous investiguons pour accroitre la couverture vaccinale afin de circonscrire la situation.
Ensuite, nous faisons des notifications aux personnes prises en charge pour le respect scrupuleux des rendez-vous de vaccination.
A côté de cela, nous menons de multiples activités de sensibilisation dans les établissements sanitaires et dans les écoles surtout les écoles primaires. Nous estimons qu’un enfant bien sensibilisé égal à un parent bien sensibilisé.
Notre objectif au niveau de l’antenne d’Abobo c’est zéro cas de rage à partir de 2024. Nous comptons mener d’avantage des activités de sensibilisation et accentuer la surveillance des cas.

Victoire Kouamé

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*