
Violences sexuelles pendant les conflits. Une réalité réduite au silence que des survivantes refont monter à la surface. En effet, à cinq mois du scrutin présidentiel d’octobre 2025, des survivantes de violences sexuelles des conflits ivoiriens brisent le silence dans une vidéo qu’elles ont elles-mêmes réalisée. Ces héroïnes interpellent les pouvoirs publics sur la question de leur indemnisation. Cela, un mois après la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO en faveur des survivantes de violences sexuelles pendant les crises en Côte d’Ivoire.
« Nous aussi nous voulons aller à l’avenir, aller à la cohésion sociale, reconstruire et vivre de façon autonome… Mais nos vies se sont arrêtées ce jour-là. » – peut on les entendre dire dans la vidéo. Ces héroïnes interpellent surtout autour de promesses non tenues de réparation selon elles. «Qu’aurais-tu fait si tu étais à ma place?», interrogent-elles l’opinion. La réalité décrite dans la vidéo est corroborée par Mme Irad Gbazalé, militante des droits des femmes et responsable de l’organisation Femmes en Action. : « Une partie des survivantes de violences sexuelles pendant les crises a reçu des réparations. Mais une autre partie n’a rien reçu. Les mesures accordées sont restées largement en deçà des recommandations de la Commission, et qui souvent ne répondent même pas aux besoins les plus urgents des survivantes», fait-elle observer. Par contre, dans des communications officielles, le gouvernement ivoirien affirme œuvrer à la réparation des victimes de la crise.
Toutefois, en avril 2025 la Cour de justice de la CEDEAO a rendu un jugement en faveur de quatre survivantes de violences sexuelles pendant les conflits ivoiriens. Dans sa décision, la Cour a conclu que la Côte d’Ivoire avait violé les droits fondamentaux de ces victimes, notamment leur droit à un recours effectif et à un accès à la justice, leur intégrité physique et morale, leur dignité, leur sécurité personnelle, leur santé, ainsi que leur droit à faire entendre leur cause.
Pour rappel, en 2014 la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) a identifié 1 359 cas de violences sexuelles, tandis que la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (CONARIV) a vérifié 2 969 cas de violences basées sur le genre. La CONARIV a également formulé une série de recommandations au gouvernement concernant l’octroi de réparations, accompagnées d’une liste initiale de victimes enregistrées (soit 316 954) en général.
Si Mme Irad Gbazalé intervient sur le sujet, c’est parce qu’elle milite pour le code Murad. Le Murad Code est un code de conduite mondial qui vise à garantir que les survivant·es de violences sexuelles systématiques et liées aux conflits soient traité·es avec respect, sécurité et dignité lors de toute interaction ou processus de collecte d’informations.
De Laure Nesmon avec Femmes en Action
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