Violences faites aux femmes politiques, un tabou à briser / Par Marie-Carmela Koffi, chargée de communication à Opinion Eclairée

Violences faites aux femmes politiques, la Natasha Akpoti-Uduaghan, sénatrice nigériane, une héroïne face au système

Violences faites aux femmes en politique, un tabou à briser. Dans cet article Marie-Carmela Koffi, communicatrice dresse un parallèle entre l’affaire de la sénatrice nigériane Natasha Akpoti-Uduanghan et les données des violences faites aux femmes politiques en Côte d’Ivoire. 

Nous sommes en Mars 2025 au Nigéria. Mais l’affaire défraie la chronique au delà des frontières de ce pays d’Afrique de l’Ouest.  Natasha Akpoti-Uduaghan, sénatrice nigériane de l’état de Kogi, dénonce publiquement les avances qu’elle a subies de la part du président du Sénat, Godswill Akpabio. Dans l’ interview  qu’elle donne  sur la chaîne Arise TV, l’élue soutient que ces avances perdurent depuis 2023. Après ses révélations, la sénatrice se voit suspendue de ses fonctions. Pis,  elle est  privée de ses indemnités, de son véhicule de fonction et de son personnel de sécurité pour 6 mois. Ce qui s’apparente à un chantage pour la faire taire pour une héroïne . Alors, il s’agit visiblement d’un cas  de violences faites aux femmes …en politique. La situation de Natasha Akpoti-Uduaghan n’est pas isolée.

En effet, les violences faites aux femmes en politique sont une réalité. Et cela, y compris en Côte d’Ivoire, même si les femmes politiques elles-mêmes en parlent peu publiquement.

Une  enquête de l’Observatoire ivoirien des droits de l’homme (OIDH) en 2022 souligne 332 cas de violences en ligne  à l’encontre de 17 femmes engagées en politique, en Côte d’Ivoire. Selon cette enquête, ces femmes ont pour la plupart occupé soit des postes nominatifs (58,82%) soit des postes électifs (70,58%) ou cumulés les deux (41,17%). Sept (7) d’entre elles ont subi à elles seules 82,2% des attaques » , a révélé Kely Kadja Dacouri, Agent du projet « monitoring de la désinformation en ligne en Côte d’Ivoire ». Selon elle, les données recueillies ont mis en évidence trois principales formes de violence que sont les violences psychologiques, sexuelles et sémiotiques. « Avec 94% des cas répertoriés, les violences psychologiques se sont caractérisées par une diversité d’attaques dont les plus récurrentes ont été celles visant les facultés intellectuelles, mentales et le physique ainsi que les injures sexistes et les diabolisations » a-t-elle expliqué.

Par ailleurs, dans un rapport rendu public le 15 octobre 2020, toujours par l’OIDH, il ressort une désinformation doublée de harcèlement contre des femmes politiques. La période de l’étude allant du 17 août au 11 octobre 2020, a permis d’identifier quarante-trois (43) cas de désinformation dont un pan de harcèlement contre des femmes politiques ou proches de la politique. L’organisation a relevé « des propos sexistes » dont l’objectif était de porter atteinte à la dignité, à la réputation ou à l’engagement de certaines figures féminines ivoiriennes telles que la Ministre Belmonde Godo, la Première Dame Dominique Ouattara et la candidate à l’élection présidentielle Marie Carine Bladi epse Davidson.

Le National Democratic Institute (NDI) a également mené des recherches approfondies sur cette question, notamment dans le contexte africain. Ses publications soulignent que les femmes en politique sont confrontées à des formes de violence spécifiques, souvent liées aux stéréotypes de genre et aux dynamiques de pouvoir patriarcales. Ces violences peuvent émaner de leurs propres partis politiques, d’adversaires, voire de membres de leur propre famille et communauté.

Violences faites aux femmes politiques, il urge de briser le silence.

En Côte d’ivoire, les violences sont faites aux femmes en politique représentant une atteinte fondamentale aux principes démocratiques et à l’égalité des sexes. Ce phénomène insidieux, souvent relégué au silence, entrave la participation pleine et entière des femmes à la vie publique, limitant ainsi la diversité des perspectives et la richesse des débats politiques.

Pourtant, la Constitution ivoirienne de 2016 garantit l’égalité des sexes et des chances, et la loi N°2019-870 du 14 octobre 2019 établit un quota de 30% de femmes candidates aux élections.

Il urge donc de briser le silence. Des actions urgentes et concertées se doivent d’être posées et cela peut passer par le renforcement des politiques et des pratiques.  C’est la position de  l’ONG Opinion éclairée .  Le 25 Novembre 2023 lors de sa déclaration de presse pour le lancement des 16 jours d’activisme, Nesmon De Laure PIE, présidente de l’organisation, recommande : « la mise en place par les partis politiques de dispositifs internes durables  en réponse aux préjugés patriarcaux en vue de promouvoir les candidatures féminines aux élections nationales, locales et internes ».

Il est également important de mener des campagnes de sensibilisation et d’éducation qui visent à déconstruire les stéréotypes de genre et promouvoir une culture de respect et d’égalité.  Il est aussi primordial d’offrir un soutien et une protection aux victimes au travers des mécanismes de signalement sécurisés et confidentiels.

Marie-Carmela Koffi,

Lemediacitoyen.com

*Cet article est rédigé dans le cadre de la campagne de communication sur les actions féministes en Côte d’Ivoire mise en œuvre par l’ONG Opinion Eclairée avec l’appui de la Foundation for a just Society et en partenariat avec Amnesty International Côte d’Ivoire.

Lire aussi:
Avant sa publication au JO, le nouveau code de procédure pénale vulgarisé

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*