
« Un an après les démolitions ayant conduit à la perte de leurs moyens de subsistance, les 133 fermiers expulsés du site de Gesco Rivière, dans la commune de Yopougon à Abidjan, attendent toujours d’être indemnisés. »
C’est ce qu’il ressort du communiqué de presse de Amnesty International dont la rédaction a reçu copie. L’ organisation des droits de l’homme exhorte les autorités ivoiriennes à respecter leurs engagements et à apporter un soutien financier et matériel aux familles touchées.
Pour rappel, le 21 février 2024, dans le cadre d’une vague d’expulsions forcées à Abidjan, les infrastructures agro-pastorales de l’association Agro-Past Eburny ont été détruites sans préavis. Ces fermiers occupaient ce site de 4,6 hectares depuis 2011, après son attribution par une société d’État. Un an après ces destructions, les promesses de compensation formulées par les autorités restent lettre morte.
Des pertes considérables et des vies bouleversées
Les pertes des fermiers sont estimées à environ 1 million d’euros (650 000 000 FCFA). Ce manque de compensation a plongé plus de 300 familles dans la précarité. Selon Guillaume Ballé Zilé, président de l’association Agro past Eburnie, aucune aide financière ou relogement n’a été mis en place, malgré l’engagement des autorités à suspendre les expulsions et à mettre en œuvre des mesures de soutien.
« Nous avons salué la suspension des expulsions, mais les fermiers de Gesco Rivière n’ont bénéficié d’aucune indemnisation. Il est urgent que les autorités respectent leurs engagements » a expliqué Marceau Sivieude, directeur régional par intérim d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
Des drames humains ignorés
Parmi les victimes, certains ont vu leur situation sanitaire se dégrader. Une veuve de 65 ans atteinte de diabète témoigne : « Depuis février 2024, je ne peux plus me soigner faute d’argent. » D’autres fermiers, désormais sans abri, ont trouvé refuge dans des cabanes de fortune, alors que des enfants ont dû quitter l’école pour aider financièrement leurs familles.
Amnesty International appelle à une action immédiate
« Ces fermier(es) et leurs employé(es) subvenaient aux besoins de leurs familles et payaient les frais de scolarité de leurs enfants. Depuis les démolitions, ils ont perdu leurs sources de revenus et subi d’autres violations de leurs droits, notamment en matière d’accès à la santé et à l’éducation. Beaucoup de leurs enfants ne vont plus à l’école par manque d’argent, et certains doivent travailler pour contribuer aux revenus de leur famille », regrette Hervey Delmas Kokou, directeur exécutif d’Amnesty International Côte d’Ivoire.
Pour rappel, en mars 2024, le gouvernement avait annoncé une compensation de 250 000 FCFA pour chaque foyer affecté. Cependant, un an plus tard, les fermiers de Gesco Rivière n’ont rien perçu.
Depuis août 2024, Amnesty International ne cesse de dénoncer les violations des droits humains liées aux expulsions forcées dans plusieurs quartiers d’Abidjan.
Aujourd’hui, l’organisation par la voix de son directeur régional par intérim Marceau Sivieude demande aux autorités ivoiriennes de mettre en œuvre sans délai les mesures de compensation promises. « Les normes nationales et internationales en matière de droits humains doivent être respectées. Les fermiers de Gesco Rivière méritent justice » a t-il martelé.
Delores Pie
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