Déclaration de la Coalition Tournons la Page – Côte d’Ivoire :
La liberté de manifester pour tous en Côte d’Ivoire
Abidjan, le 20 décembre 2019
Le 13 décembre dernier, le Conseil municipal de la commune de Yopougon a pris un arrêté interdisant toutes les manifestations publiques pouvant entraîner des mouvements de foule, du lundi 16 décembre au samedi 5 janvier. Le 19 décembre, le ministre de l’Administration des territoires et de la décentralisation a appelé tous les maires à interdire dans leurs communes, toutes les manifestations politiques jusqu’à l’année prochaine.
L’arrêté du Conseil municipal de Yopougon vient restreindre la liberté de manifester à un moment
particulièrement inopportun. En effet, un meeting de l’opposition avait été annoncé publiquement pour le 21 décembre sur la place Figayo. Cet arrêté empêche la tenue normal de cet événement, et cela, seulement quelques jours après un meeting d’un mouvement proche du parti au pouvoir, sur cette même place.
L’arrêté mentionne des manifestations pouvant entraîner des mouvements de foule, mais le principe d’une manifestation n’est-il pas justement le déplacement d’une foule ? TLP-CI considère que cette tournure de phrase est bien trop large et permet d’englober tous les rassemblements. Elle porte donc frontalement atteinte au droit de manifester pacifiquement.
Au-delà de cet arrêté, TLP-CI s’inquiète de la déclaration du ministre de l’Administration des territoires et de la décentralisation appelant à l’interdiction des manifestations. Ceci n’est pas un simple appel mais bien un ordre donné aux maires de bafouer le droit de manifester pacifiquement. La période ne justifie en rien une interdiction totale.
La préparation des élections présidentielles de 2020 exige un traitement égal de la part des autorités de tous les partis politiques, ainsi que des mouvements et organisations de la société civile. Ces actes des autorités viennent restreindre l’espace civique nécessaire à la tenue d’élections libres et apaisées, gages de la démocratie.
TLP-CI rappelle au Gouvernement que le droit de réunion et de manifestation pacifiques est garanti par la Constitution de Côte d’Ivoire. De plus, la Côte d’Ivoire a pris des engagements internationaux en matière de droits humains qui protègent également ce droit, notamment la Convention africaine des droits de l’homme et des peuples et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
TLP-CI appelle le Gouvernement à faire annuler cet arrêté et à revenir sur l’ordre interdisant les manifestations dans toutes les communes du district, et cela afin de créer un espace civique ouvert, garantissant un jeu démocratique libre et équitable à dix mois des élections présidentielles de 2020.
AMANI Didier
Coordinateur de TLP-CI
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