Covid-19, leçons d’une crise pour  le secteur informel

    Une petite réflexion sur les mesures de soutien de l’Etat au secteur informel face à la pandémie du coronavirus.

    Parmi les décisions annoncées par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, l’une a attiré mon attention, à savoir : « la mise en place d’un Fonds spécifique d’appui aux entreprises du secteur informel touchées par la crise pour un montant de 100 milliards de FCFA.

    Cette mesure sera pérennisée après la crise avec une fiscalité simple et des modalités novatrices de financement ». Le gouvernement s’est-il enfin réveillé sur la situation du secteur informel ?

    Avons-nous une base de données des entreprises du secteur informel ? Qu’est ce qui convient d’être qualifié d’entreprise informelle ?

    Une législation existe-elle pour les acteurs de  l’informel ? Quel(le)s sont les critères ou conditions à remplir pour bénéficier de ce Fonds ? Selon Wikipédia, l’économie informelle désigne l’ensemble des activités productrices de biens et services qui échappent au regard ou à la régulation de l’Etat.

    « Le travail décent regroupe l’accès à un travail productif et convenablement rémunéré, la sécurité sur le lieu de travail et la protection sociale pour les familles, de meilleures perspectives de développement personnel et d’insertion sociale, la liberté pour les individus d’exprimer leurs revendications, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leur vie, et l’égalité des chances et de traitement pour tous, hommes et femmes », selon l’Organisation international du travail (OIT).

    Dans notre pays, ces emplois ne bénéficient pas de protection sociale, ni d’accès facile aux crédits bancaires et bien d’autres. En juillet 2018, la Banque mondiale annonçait que le taux d’emploi informel en Côte d’Ivoire et au Népal dépassait les 90 %.

    Ce qui dénote que ce secteur génère assez d’emplois et de ressources.

   En 2017, lors de la 3ème édition des Journées nationales du partenariat (JNP) organisée par le Comité de concertation Etat-Secteur privé (CCESP) avec pour thème « Encadrement du secteur informel : source de croissance et de compétitivité de notre économie ».

    A l’issue de cette activité, un document de Stratégie nationale d’encadrement du secteur informel (SNESI) a été élaboré avec comme pistes, une politique sociale souple adaptée, la formation des travailleurs de l’informel, les offres de financement des entreprises, la révision des coûts d’enregistrement des entreprises. Nous sommes en 2020, le document SNESI est à quelle étape ? Silence radio depuis lors ? Ces recommandations et comme bien d’autres sont-elles en quarantaine depuis des lustres, ou sont-elles confinées dans des tiroirs réquisitionnés ?

    Pour la circonstance,  100 milliards ont été débloqués, vont-ils avoir un effet sur une grande majorité de travailleurs exerçant dans l’informel ? Car le secteur informel demeure dans l’informalité totale.

    C’est bien de prendre des mesures mais il faut une certaine clarté et toute une méthodologie, afin que celles-ci soient ressenties dans le quotidien des populations.  Notre pays est-il vraiment au travail ? Car il y a beaucoup de choses à faire et refaire. Le Premier ministre a également affirmé qu’après la crise cette mesure sera pérennisée. Nous osons croire que cela se réalisera. Les acteurs y gagneront et cela permettra à l’Etat d’élargir son assiette fiscale.

    Ce sont ces vrais débats qui méritent d’être faits et non la politique politicienne à laquelle nous assistons. Au lieu de déplacer toute la République pour l’inauguration d’un château d’eau dans un village, d’organiser des cérémonies d’hommage à des personnalités de tout bord politique, de nous servir des insultes de tous partis politiques confondus, ou de verbiages creux, il faut travailler à faire des propositions concrètes.

    Par exemple, la Couverture maladie universelle pouvait servir de tremplin et intégrer d’autres opportunités pour attirer les travailleurs  du secteur informel ; ce qui constituera une base de données. Des équipes de terrain devraient les sensibiliser, les identifier car à mon sens c’est eux le cœur de cible. Je veux savoir : la productrice de beurre de karité, qu’est-ce qu’elle gagne lorsqu’on modifie la Constitution, qu’on créée un Sénat, un poste de vice-Président ou que malgré son âge très avancé M. Henri Konan Bédié voudrait être candidat ?  Celle-ci a besoin que son activité soit formalisée, qu’elle puisse avoir accès à des crédits, etc.

    Nous avons besoin d’avancer dans ce pays, car il y a énormément de choses à faire pour le bien-être des populations. Après cette crise, prions que le dossier de ce secteur ne soit pas encore une fois de plus relégué aux calendes grecques.

Eugène Ndri

Lemediacitoyen.com 

 

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