Côte d’Ivoire /problématique de la petite monnaie dans les transports en commun : les Paiements mobiles, une alternative ?

Photo d’illustration

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En Côte d’Ivoire, les transports en commun jouent un rôle majeur dans la mobilité urbaine. Cependant, le défi persistant de la petite monnaie créé d’énormes désagréments. Les conducteurs de minicars appelés communément’’ gbaka’’, de taxis et autres moyens de transport rencontrent fréquemment des difficultés à rendre la monnaie. Une situation entraînant des frustrations qui débouchent parfois sur des violences verbales voire même des bagarres. Fort heureusement, l’évolution rapide de la technologie financière, à travers notamment les paiements mobiles, offre une solution prometteuse à ce problème.

 

     Rendre la petite monnaie a toujours  été une difficulté dans les transactions  quotidiennes en Côte d’Ivoire. Cette problématique qui s’est fortement accrue ces dernières années est une réalité qui touche pratiquement tous les échanges commerciaux. Cela se ressent au marché, dans les boutiques, les grandes surfaces… et plus particulièrement dans le secteur des transports en commun.

Nicodème Ouédraogo, chauffeur de taxi explique  « c’est quasi quotidiennement que nous sommes confrontés au problème de monnaie, et cela complique nos rapports avec les usagers à qui on exige la monnaie avant d’embarquer ».

Les usagers de transports en commun, du fait du manque criard de monnaie font face à plusieurs situations désobligeantes. La pratique la plus courante est celle dite d’ ‘’association’’ qui consiste à remettre à un groupe de passagers un billet unique dont la valeur est la somme des monnaies qui devrait être rendue à chacun(e). A eux de trouver une solution pour obtenir chacune(e) sa part.

Selon dame Abiba Natacha, cette pratique  « n’arrange pas » car elle s’est vue renoncer (malgré elle-même) plusieurs fois à sa monnaie au profit des personnes avec qui elle avait été ‘’associée’’.

De plus, le manque de monnaie est généralement source de tensions entre les passagers et les chauffeurs ou apprentis.

«  Un jour l’apprenti du gbaka que j’ai emprunté a été irrévérencieux envers moi en raison d’ un problème de monnaie. A ma descente du véhicule nous en sommes  venus aux mains », a révélé un jeune homme d’une trentaine d’années ayant requis l’anonymat.

Les cas de bagarres pour cause de monnaie sont légions et sont devenus des faits presque banals.

En 2021, un tragique incident survenu dans la commune de Yopougon a causé la mort d’un passager suite à une altercation due à un problème de monnaie. Ce drame montre combien ce genre de situations peut vite dégénérer.

A côté de cette situation dommageable, les attentes répétées liées à la remise de monnaie retardent et perturbent le rythme des trajets. Aussi, cette situation favorise parfois des pratiques frauduleuses de rétention volontaire ou de remise incomplète de la monnaie.

Mais aujourd’hui, de plus en plus, les commerces aussi bien que les transports en commun optent pour les paiements électroniques mobiles money. Si cette trouvaille semble être la panacée au problème de monnaie, l’on peut se demander quels en sont les réels avantages ?

 Les Paiements Mobiles : Une Solution innovante et pratique

    L’adoption des paiements mobiles offre une alternative simple et efficace à la problématique de la petite monnaie dans les transports en commun. Ce, grâce à des applications telles que Orange Money, Wave Côte d’Ivoire et d’autres plateformes locales.  Les usagers peuvent alors effectuer des paiements instantanés via leur téléphone portable à partir d’ un code QR.

La simplicité et la rapidité du paiement mobile séduit plusieurs conducteurs et clients.

Selon Rodrigue N’guéssan, chauffeur de Vtc, les transactions mobiles permettent aux passagers de payer le montant exact de leur trajet sans avoir à se soucier de la petite monnaie. « Cela accélère le processus de paiement et réduit les temps d’attente », a-t-il indiqué.

Selon Troh Marthe Kouassi, ce type de paiement est une alternative au problème de  monnaie car cela évite « les prises de tête » avec les apprentis et chauffeurs.

Par ailleurs, pour bon nombre d’utilisateurs cela favorise une meilleure traçabilité financière grâce aux rapports fournis par les applications de paiement.

Toutefois, le système de paiements mobiles connaît des défis à surmonter.

 

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Une solution innovante mais pas assez implémentée

    Malgré les avantages significatifs, plusieurs défis concernant l’adoption des paiements mobiles dans les transports en commun demeurent.

D’abord, au constat général plusieurs usagers ne sont pas éduqués à l’utilisation de ce système de paiement. Il y’a en effet un manque de familiarité avec les services de paiement mobile parmi certaines tranches de la population.

Ensuite, avoir un smartphone, une connexion internet et de l’argent  sur son application mobile money sont essentiels pour  effectuer les  transactions. Ce qui n’est pas toujours le cas chez les usagers de transport en commun.

Aussi, les conducteurs n’ont pas tous adhéré à ce système de paiement. La proportion de conducteurs qui en utilisent reste encore faible. Certains chauffeurs encore réticents posent le problème de la sécurité. Car craignent-ils que certains usagers après avoir fait un paiement ne le retirent plus tard.

En ce qui concerne la procédure pour se voir attribuer la carte de paiement mobile, « l’intéressé doit se rendre à l’agence muni d’une pièce d’identité en cours de validité, remplir un formulaire et fournir un numéro marchand sur lequel il/elle recevra les différents paiements », a indiqué  le service client d’un opérateur de paiement mobile contacté via téléphone.

 

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    Les paiements mobiles représentent une solution innovante mais surtout efficace  à la problématique de la petite monnaie dans les échanges commerciaux. La généralisation et la vulgarisation de ce type de paiement pourraient améliorer le secteur des transports en commun. Pour en maximiser les avantages il est essentiel d’avoir une approche stratégique et surtout sécurisée qui s’étendra à  tous les secteurs d’activité, de sorte à faire de la Côte d’Ivoire un modèle d’innovation en Afrique de l’Ouest.

 

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Victoire Kouamé

 

 

 

 

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