Jacques Loua, Président de l’association des jeunes ivoiriens du Maroc vit dans le royaume depuis 2013 dans le cadre de ses études. Dans cette interview, il évoque la situation des jeunes ivoiriens sur place et fait cas de l’immigration irrégulière. Jacques Loua, lance également un plaidoyer à l’endroit des autorités.
Quel est l’état des rapports entre les jeunes ivoiriens au Maroc?
De par notre proximité, nos fréquentations, nos multiples rencontres et à travers l’organisation des activités nous avons réussi à former, aujourd’hui une grande famille estudiantine dans laquelle se trouvent presque toutes les ethnies de notre pays la Côte d’Ivoire.
Les étudiants, pour la plupart, se consacrent le plus, dans leurs campus respectifs ou dans leurs appartements, aux révisions et aux préparatifs des examens en ce moment.
D’autres , par contre, consacrent plutôt leur temps à des voyages touristiques à travers les villes du Maroc. À ce niveau, vous comprendrez qu’ils n’ont pas tous les mêmes priorités et c’est à ce niveau-là que nous intervenons par des conseils, en les invitant à une prise de conscience sur la raison principale de leur présence ici.
Vous êtes le responsable de la JCPIM. Qu’est-ce que c’est ?
La JCPIM se définit comme étant l’association des jeunes ivoiriens du Maroc, Jeunesse Consciente et Participative de la Diaspora Ivoirienne au Maroc.
La JCPIM est une association naissante avec beaucoup d’ambitions, un programme d’activités riche et varié qui seront effectuées pour le bonheur et la satisfaction de la jeunesse ivoirienne du Maroc.
Les objectifs principaux de la JCPIM, c’est d’abord de lutter pour l’amélioration des conditions de vie de la jeunesse ivoirienne vivant au Maroc, fédérer celle si autour d’un idéal commun, la Côte d’Ivoire et faire la promotion de la paix et la réconciliation en passant par la préservation des valeurs intrinsèques de notre pays, la Côte d’Ivoire et par ailleurs, faire participer de manière concrète, la jeunesse ivoirienne du Maroc au développement économique et politique de la Côte d’Ivoire
Nous travaillons pour l’instant aux rassemblements de la jeunesse ivoirienne du Maroc et l’ensemble de la communauté toute entière. À long terme, nous envisageons de faire de la communauté et de la jeunesse ivoirienne de la diaspora, une force participative, constructive et une valeur ajoutée au développement économique et politique de notre pays, la Côte d’Ivoire.
Anciennement responsable d’une association estudiantine, vous êtes aujourd’hui, à la tête d’une autre association, qui rassemble toute la jeunesse. Dite-nous, pourquoi cette mutation ?
Cette mutation est partie d’un constat. Nous avons remarqué qu’au fur et à mesure que les années passaient la communauté ivoirienne devenait importante au Maroc et cela est dû à la politique d’ouverture du Maroc vers les pays subsahariens. Le Maroc qui est notre pays hôte offre beaucoup d’opportunités en termes d’affaires et de business et nous avons aussi constaté que la communauté ivoirienne investissait également dans les affaires.
Et de ce fait, un besoin de rassemblement de la communauté s’est fait ressentir en vue de permettre aux membres de la communauté de mieux se connaitre les uns les autres et cela à travers des activités que nous organisons comme des campagnes de sensibilisation pour le respect des lois et institutions marocaines afin d’éviter des situations imprévues et défendre en gros les droits de la communauté.
Cette mutation est d’ordre social car nous-nous battons nuits et jours pour le bien-être, les intérêts, et les droits de la jeunesse ivoirienne du Maroc. Nous sommes animé d’un seul esprit, celui de rassembler la jeunesse ivoirienne autour d’un idéal commun et de défendre notre patrimoine commun à nous tous, la Cote d’Ivoire.
Quels sont les domaines d’activités dans lesquels l’on retrouve le plus, les jeunes ivoiriens du Maroc ?
Au Maroc, on retrouve la jeunesse ivoirienne le plus dans le domaine des études universitaires en raison de la stabilité universitaire et de la qualité de l’enseignement du Royaume du Maroc.La jeunesse du Maroc s’intéresse également aux affaires, entre autres, le commerce, le travail des centres d’appels, la promotion artistique et événementiel. Il est important de reconnaître que la jeunesse ivoirienne du Maroc regorge d’énormes potentialités et de savoir-faire. Sa capacité à très vite s’adapter et mieux s’intégrer et son ouverture d’esprits en sont des preuves palpables.
Vous avez initié un débat dont la première édition s’est tenue le Dimanche 14 Juillet 2019. Pourriez-vous faire un peu plus de lumière là-dessus ?
Le débat de la jeunesse est une initiative que nous avons prise pour permettre à la jeunesse ivoirienne au Maroc de ne pas rester en marge mais plutôt de se faire entendre de discuter, d’échanger les idées entre nous jeunes par rapport à l’évolution et au fonctionnement des choses dans notre pays ainsi que sa situation économique et politique.
Comment ce concept est-il accueilli?
Pour cette première édition, je voudrais tout d’abord féliciter le comité d’organisation de la JCPIM pour le travail accompli et remercier tous ces jeunes ivoiriens et ceux d’autres nationalités comme le Burkina, le Mali, le Niger et le Congo qui ont montré un intérêt en effectuant le déplacement pour participer au débat de la jeunesse. Cette première expérience fut un succès car nous estimons que nous avons fait le débat, nous avons permis aux uns et aux autres de pouvoir s’exprimer librement et de mettre en lumière leurs analyses, critiques et solutions pour le développement économique et politique de notre pays. Nous avons appris les uns des autres.
Pour vous qui n’êtes pas diplomate, comment évaluez-vous la qualité des relations des ivoiriens avec le pays d’accueil ?
En ce qui concerne la qualité des relations avec notre pays d’accueil, je voudrais tout d’abord rendre un grand hommage et féliciter sa majesté le Roi Mohammed VI. Qu’Allah lui donne longue vie et l’assiste ! Je tiens aussi à remercier le peuple marocain pour son hospitalité et son amabilité. De même, je voudrais également remercier Son Excellence Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, qui par son leadership, a renforcé et amélioré les bonnes relations d’amitié et de fraternité qui existent entre les 2 pays, la Côte d’Ivoire et le Royaume du Maroc.
Le Maroc est présenté aussi comme un point de transit des candidats à l’émigration vers l’Europe avec tous les risques que l’on sait. Menez-vous des actions de sensibilisation sur le sujet?
Aujourd’hui, la question de la migration irrégulière est un sujet qui fait la une des médias. À l’occasion, des grandes conférences sont organisées pour débattre, discuter et calculer les pourcentages des franges de la population qui s’adonnent à ce fléau.
Tout ceci est louable, mais, malheureusement, ça ne fait que trop durer. Les débats n’apportent pas encore de solutions concrètes. Nous pensons qu’il faut maintenant agir. Il est temps de poser des actions concrètes pour freiner l’immigration irrégulière. Il est temps de situer les responsabilités des uns et des autres, afin qu’on puisse y arriver.
Et nous, à notre niveau, conformément au calendrier de nos activités, nous avons prévu d’aller dans un premier temps, vers les organismes de rapatriement volontaire pour une sensibilisation afin qu’ils puissent revoir leur politique et stratégie de rapatriement et de réinsertion des migrants.
Ensuite, nous envisageons faire une grande rencontre avec l’ensemble des migrants ivoiriens sur le territoire chérifien pour une campagne de sensibilisation et de dissuasion afin de préserver la vie nos compatriotes migrants.
Quels sont vos plaidoyers à l’endroit des autorités d’accueil et des autorités ivoiriennes ?
Je tiens d’abord à remercier les autorités marocaines en charge des migrants pour ce qu’elles font déjà pour nos frères et sœurs migrants. Cependant, nous leur demandons également et aux ONG en charge de nos frères et sœurs migrants, de redoubler plus d’efforts pour leur accompagnement et surtout pour leur sécurité qui est parfois menacée.
Quant à nos autorités ivoiriennes en particulier nos autorités diplomatiques et spécialement à notre ambassadeur, nous demandons la mise en place d’une cellule spéciale d’écoute, d’accompagnement et de rapatriement pour nos frères et sœurs migrants en situation irrégulière. Ce qui pourrait d’ailleurs réduire le taux d’immigration irrégulière de nos compatriotes sur le territoire marocain.
Comment entrevoyez-vous la jeunesse africaine dans une dizaine d’années ?
Dans 10 ans nous voyons une jeunesse africaine encore plus responsable, occuper une place de choix au cœur du développement de notre continent.
Quel conseil donnez-vous à vos amis jeunes ?
Nous conseillons à l’ensemble de la jeunesse de prendre des initiatives elle-même, d’utiliser à bon escients son quotidien et d’être une ressource fondamentale et un atout de développement pour notre continent.
A tous les jeunes africains et ivoiriens en particulier je voudrais ici dire, qu’il est vrai que l’avenir appartient à la jeunesse mais nous devons tous savoir que cet avenir n’a pas de sens si nous ne prenons pas conscience de nos lacunes et des maux qui nous minent. C’est à nous de créer nos propres opportunités, prendre des initiatives et de combattre nos propres lacunes. Battons-nous sans cesse dans un élan de solidarité car le combat de la jeunesse est une victoire du goût de l’aventure sur l’amour du confort.
Interview réalisée à Casablanca par Elvis Ouffoué
Lemediacitoyen.com
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