Guerre en Ukraine due à l’invasion russe. Déjà sous tension inflationniste, les pays africains doivent logiquement craindre les répercussions de la guerre russo- ukrainienne même si les dirigeants africains au niveau diplomatique restent entre silence prudent et condamnation.
La dislocation de l’URSS et la disparition du bloc communiste entrainent la fin de la bipolarisation du monde et de la guerre froide dans les années 1990. 15 anciennes républiques soviétiques satellites de l’Europe de l’Est, dont l’Ukraine, prennent ainsi leur indépendance.
L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord(OTAN) dirigée par les Etats unis et leurs alliés occidentaux cherche à établir des relations étroites avec les nations d’Europe centrale et orientale nouvellement indépendantes. Ce, dès lors qu’ils ont cessé de considérer la Russie comme une « grande puissance » comme l’URSS l’avait été.
C’est ce que le président russe Vladimir Poutine veut exprimer lorsqu’il déclare en substance que : « l’effondrement de l’union soviétique est la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ».
Rappel des causes
La poursuite de l’expansion de l’OTAN vers l’Europe de l’Est et le déploiement d’armes à travers des bases militaires américaines notamment en Roumanie et en Pologne amènent la RUSSIE à demander une garantie que l’Ukraine ne rejoindrait pas l’OTAN. Surtout que ce pays est directement rattaché à la Russie, avec 3000 km de frontières.
Pour Poutine, permettre à l’Ukraine d’intégrer l’organisation occidentale, c’est accepter la suprématie américaine et exposer la sécurité collective de ses concitoyens. Cela d’autant plus que, selon le kremlin, l’occident n’a pas tenu sa promesse historique de ne pas élargir l’OTAN. En plus, en novembre 2021 , Poutine avait déjà annoncé que la présence de l’Ukraine au sein de l’alliance occidentale , ainsi que le déploiement éventuel de missiles à longue portée capables de frapper les villes russes ou de systèmes de défense antimissile, similaire à ceux de la Pologne et de la Roumanie, constitueraient une « ligne rouge « pour Moscou.
Pour la Russie, si l’Ukraine devient neutre, elle restera pacifique. Cependant , l’Ukraine et l’OTAN ont déclaré qu’elles n’étaient pas disposées à accepter cette proposition car selon Zelensky le président Ukrainien, chaque pays a le droit de choisir comment protéger sa sécurité.
Ainsi, l’escalade des tensions va emmener les troupes russes déjà aux frontières ukrainiennes à attaquer l’Ukraine le jeudi 24 février 2022 après un discours martial télévisé du président russe Vladimir Poutine.
Les implications pour l’Afrique
Cependant vu que nous vivons pour l’instant dans un monde unipolaire, quelles seront les conséquences de cette guerre à la fois géopolitique et géostratégique pour l’Afrique déjà en proie à d’énormes difficultés ?
Déjà sous tension inflationniste, les pays africains doivent logiquement craindre les répercussions de la guerre russo- ukrainienne même si les dirigeants africains au niveau diplomatique restent entre silence prudent et condamnation.
Tout d’abord, le continent s’ inquiète pour la sécurité de ses dizaines de milliers de ressortissants installés en territoire ukrainien. Et on sait que des milliers d’étudiants africains bénéficient de bourses d’études de la part de l’Ukraine pour devenir des ingénieurs ou des médecins pour la majorité.
Il faut noter aussi que la Russie et l’Ukraine occupent respectivement le rang de 1er et 5eme exportateur mondial de blé. Or si tôt entamé, le conflit a provoqué la hausse spectaculaire du prix du blé de près de 12%, son plus haut niveau historique. Pourtant, on sait que plusieurs pays africains importent l’essentiel de leur blé de ces deux pays aujourd’hui en guerre. L’exemple de l’ Egypte qui importe environ 90% , le Kenya 75% et la Lybie 43% de leur blé d’ Ukraine et de la Russie selon les chiffres de l’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’Algérie importe elle aussi des quantités considérables de céréales de ces 2 pays.
Néanmoins, elle peut profiter de ce conflit dans la mesure où elle représente le 3eme fournisseur de gaz d’Europe.
Aussi, il faut craindre l’envolée du prix du pétrole qui se répercutera certainement sur ceux des transports.
Enfin au niveau sécuritaire, la Russie demeure un partenaire privilégié qui exporte son armement sur le continent. Cependant, il faut craindre la recrudescence du terrorisme déjà visible en Afrique avec le flux d’armes aux mains de certains groupes incontrôlés à nos frontières.
Il faut souligner que l’issue de cette crise impactera surement les relations internationales et la vie des nations car, à l’heure de la mondialisation nous sommes interrelationnels donc hélas, nous subirons tous…
De ce constat une interrogation demeure : là ou l’Afrique veut être libre de choisir ses partenaires, ne nous dirigeons nous pas vers une bipolarisation bis ?
Une contribution de Serge Armel Yassi, géographe, pour lemediacitoyen.com
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