La 7ème édition du Festival pour la Promotion des activités génératrices de revenus en zone rurale, ou encore forum des agripreuneurs, s’annonce à Man, dans la région du Tonpki. Du 20 au 22 février 2020, les paysans, les nutritionnistes et autres acteurs du monde agricole et de la consommation, se réunissent dans cette région de l’ouest ivoirien. Au menu de la rencontre, l’alimentation.
L’accès des produits du terroir au marché de la transformation de masse est une inquiétude récurrente pour le monde paysan. Cette réalité n’échappe pas à la région du Tonpki, dans l’ouest ivoirien. Pour faire face à la situation, Daniel Oulaï, entrepreneur dans l’agriculture, coordonne depuis 7 ans, un événement dédié. Pour sa 7ème édition, le Forum des agripreuneurs , FEPRO, propose le thème suivant : « Consommer local, l‘avenir de l’alimentation en Afrique de l’Ouest ».
« Le choix de ce thème est lié aux recommandations des éditions précédentes, il est revenu de plus en plus que le plus gros besoin de ces petits agriculteurs à travailler les champs, c’est la valorisation des produits. Pour nous aujourd’hui, il est plus qu’important de permettre aux produits terroir de pouvoir dépasser les marchés de et avoir accès à des marchés de transformation des masses », réagit Daniel Oulaï, interrogé par lemediacitoyen.com.
Pour cet activiste du monde agricole, la consommation locale doit être un sujet sur les tables de discussion. Ceci, afin de créer la discussion entre les consommateurs et les producteurs en raison d’ « une crise de confiance entre consommateurs et producteurs ». M. Oulaï explique que d’un côté, les consommateurs, soit, ne connaissent pas les produits du terroir, soit, ne sont pas convaincus que ces agriculteurs sont capables de leur garantir la constance de ces produits et la qualité qui va avec.
La concurrence déloyale des produits importés pointée du doigt
« Il est important pour nous de discuter de cette thématique. Avec la croissance des importations des produits et l’exonération des impôts sur beaucoup de produits qui nous viennent de l’Europe, ces produits atterrissent sur nos marchés à des prix dérisoires. Ce qui est très concurrentiel face aux produits du terroir qui eux pourrissent à travers nos marchés parce qu’ils ne sont pas associés. C’est pour toutes ces raisons qu’il est important de pouvoir discuter de cette question, pour voir dans quelle mesure on peut mettre en place une politique territoriale de valorisation des produits du terroir », espère Daniel Oulaï.
Cette initiative revêt un enjeu capital pour les paysans eux-mêmes. « Pour beaucoup de paysans, cela est l’accomplissement d’un rêve de voir ces solutions se rapprocher d’eux parce qu’ils n’ont pas toujours le temps ou l’argent nécessaire pour se payer le transport pour venir assister à ces salons que nous organisons à Abidjan qui est très éloignée . Deuxièmement, c’est important de faire sortir par moment les paysans de leur champ pour qu’ils se retrouvent dans une salle climatisée avec les autres acteurs. Les paysans doivent être valorisés, écoutés, entendus »
En effet, pour booster la réflexion d’une politique territoriale de valorisation des productions dans le Tonpki, la rencontre de février 2020 est ouverte aux scientifiques. Bien qu’il milite lui-même en faveur des semences paysannes, l’initiateur du forum n’entend pas occulter le débat de la modification génétique.
« Il faut dire que l’innovation pour cette année ce sont les ateliers thématiques de réflexion, on est vraiment ouverts. On a essayé de dépassionner ce débat pour permettre aux scientifiques de s’exprimer. C’est-à-dire ceux qui défendent la contribution de la recherche en terme de modification génétique des semences pour garantir la productivité. On ouvre le débat et on permet aussi aux passionnés de s’exprimer. C’est à dire, les écologistes qui défendent que c’est possible d’aller vers des solutions alternatives sans qu’on ait besoin de faire recours à ces innovations scientifiques, qui manquent pour certains de confiance. »
La nécessité d’une politique territoriale duplicable
Daniel Oulaï qui attend des « discussions constructives et enrichies » explique le choix de la région du Tonkpi. « D’abord, les membres de l’association ont tous des initiatives dans cette partie de la Côte d’Ivoire donc c’est tout naturellement que nous avons débuté nos initiatives là. Par ailleurs, je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut des politiques territoriales, qui peuvent être documentées et dupliquées. Donc chacun peut sur son territoire, contribuer tout naturellement au développement ».
Le Forum reste toutefois ouvert. Depuis deux ans déjà, d’autres acteurs issus d’autres régions du pays sont invités.
« Nous sommes en train de nous ouvrir progressivement à toutes les autres régions mais après pour dupliquer quelque chose, il faut un modèle de succès et pour l’instant, c’est ce modèle de succès que nous sommes en train de construire. Quand l’objectif sera atteint et qu’on aura des résultats qui peuvent être dupliqués, vous verrez qu’on ne se fera pas prier pour dupliquer ces modèles sur d’autres territoires ».
Le FEPRO 2020 attend 1000 participants sur trois jours. Le matériel agricole, la technologie d’analyse des sols, les semences, les engrais, les techniques d’irrigation… bref, les maillons de la chaîne agricole seront de la fête. Un volet touristique est annoncé par le comité d’organisation. C’est le rendez-vous des acteurs du monde rural, des passionnés de l’agriculture et la consommation équitable. Le rendez-vous de ceux qui veulent en savoir plus sur ce qui atterrit dans leurs assiettes.
Nesmon De Laure
Lemediacitoyen.com
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