Dossier/ Faux seins et  fausses fesses  pour plaire, une mode controversée 

Le recours aux dessous rembourrés pour avoir une silhouette tendance est tendance. (DR)

A Abidjan, des femmes n’hésitent pas à utiliser les sous-vêtements conditionnés pour se donner des rondeurs et embellir leurs silhouettes. Une pratique qui n’est pas sans conséquence et qui ne met pas toujours d’accord les spécialistes. Notre dossier !

C’est un soutien-gorge sans bretelles, moulé que nous découvrons ce  14 mai 2019, au marché de Cocovico dans la commune de Cocody autour de 10 heures.  Au toucher, il  est mou. Au fait, il  contient une matière qui, en chirurgie esthétique, remplit le sein, l’entoure pour « un maintien parfait », sans armatures, invisible sous le vêtement : le silicone.

Juste à côté, on aperçoit des culottes contenant des chiffons à l’intérieur. Approchée pour en savoir davantage, nous apprenons de  la commerçante  Saly Koné  que ces sous-vêtements sont très prisés par la majorité des femmes en général. « Jeunes, femmes adultes, adolescentes, toutes achètent ces sous-vêtements. Ces articles sortent beaucoup plus pendant les moments de fêtes » dit-elle. Poursuivant, la jeune femme d’environ la trentaine, qui est dans la vente de ces sous-vêtements depuis deux années maintenant donne les différents tarifs. « Les culottes contenant du chiffon sont  à 10.000 FCFA. Les soutiens avec les silicones sont à 6000 FCFA ».

 Une conversation entre deux jeunes femmes venues acheter des dessous  retient l’attention.  L’une d’entre semble s’intéresser au soutien contenant le silicone, mais elle est un peu hésitante parce qu’elle craint des effets secondaires.  « Tu as peur de quoi ? Ça va arranger tes formes tu verras », lui dit Yasmine Koffi qui semble être la plus âgée. Ces jeunes femmes possèdent déjà un beau physique. Etonnée, nous répondons pour faire la causette « elle est déjà en forme pourquoi acheter ce type de dessous ». 

À cette question, Yasmine n’hésite pas à répondre : « Ce genre de sous vêtement raffermit et donnent de belles fesses aux femmes qui en ont déjà. Les hommes aiment les belles formes, les belles fesses et les beaux seins. Quand tu as tout ça et tu t’habilles, tu es parfaite », explique-t-elle.  A la question de savoir si cela ne pourrait pas repousser son homme s’il le découvrait, la jeune dame répond : « mon fiancé adore quand dehors on observe sa femme. Pour lui cela signifie qu’il a fait un bon choix. Il sait que je les porte. Au contraire il dit que ça arrange mes rondeurs » révèle-t-elle avant de rejoindre sa sœur qui alla l’attendre devant, après avoir finalement opté pour la culotte qui contient le chiffon.

Certains hommes n’accepteront pas que leur conjointe utilise ce type de sous-vêtements. C’est le cas d’Alex Pana. « Il y a des femmes qui aiment ce genre de dessous mais je ne permettrai pas à la mienne d’en porter. Si je découvre qu’elle les a toujours porté je lui dirais de rester naturel, de ne plus les porter mais je ne vais pas la quitter pour», nous confie-il.

Quand le silicone inquiète des clientes

Au marché de Marcory (sud d’Abidjan) par contre, où nous  rencontrons Mme Diawara, commerçante de lingerie, les soutiens contenant le silicone, sont de plus en plus rare. La cause ? « Ces soutiens ne marchent pas parce que les femmes craignent d’être exposées aux cancers du sein et tous autres effets secondaires », fait-elle savoir, avant de nous montrer un exemplaire de sous-vêtement dans lequel elle a retiré le silicone pour pouvoir le vendre. La commerçante de lingerie en friperie affirme détenir  de meilleures qualités.  Elle donne également ses tarifs. « Les caleçons sont à partir de 2500 FCFA jusqu’à 4000FCFA ».

 Dame Diawara qui exerce depuis maintenant cinq années indique   également que ces sous-vêtements se vendent le plus en période de fête et de vacances.  «  On s’en sort bien. Mais ces sous-vêtements marchent plus en période de fête ou pendant les vacances. C’est dû aussi au fait qu’ils tiennent sur de longue durées » souligne-t-elle.

Si certaines femmes préfèrent les sous-vêtements avec le silicone ou le chiffon à l’intérieur, d’autres optent pour des séances de massages avec des produits pour embellir leurs silhouettes.

Dame Maureen Dré propriétaire d’un salon de massage à Yopougon , au Nord-Ouest d’Abidjan, interrogée par lemediacitoyen.com explique : «  Je faisais des massages dans les débuts avec des produits naturels que je fabriquais à base d’Akpi et autres en collaboration avec un thérapeute. Les séances de massages se faisaient  4 ou 2 fois dans le mois, puisque les résultats ne sont pas visibles dès les premières semaines.  Je donnais une crème en plus d’une purge. La crème était à 1000FCFA et la purge à 5000FCFA. Une amie en Europe avait essayé de bassin 103, elle était passée à 106, les jours d’après. Dans le mois je pouvais recevoir jusqu’à 20 commande. Avec le marketing de bouche à oreille les choses bougeaient », raconte-elle, avant d’expliquer qu’elle a délibérément arrêté cette pratique parce qu’elle ne voulait pas se faire connaitre sous cet angle. 

 La détentrice du groupe  facebook ‘’Le secret d’une peau satinée’’, qui ne fait que les massages de relaxation et les soins corporelles à savoir les gommages désormais, a aussi indiqué que le métier nourrit son homme. 

 

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Silicone, massage pour embellir la silhouette. Qu’en pensent les spécialistes de la mode ? Nous avons posé la question le 6 juin 2019 à son bureau, au créateur africain de mode Paté Ouédraogo  connu sous le nom de Pathé’O.  Son regard est sans équivoque. Il est pour la liberté.

« Celles qui ont recours à cela le font pour des intérêts personnels que je ne connais pas.  Je ne peux aller contre.  Chacun est libre de faire ce qu’il veut de son corps. Je ne juge pas. Si une femme pense qu’il lui faut des fesses et qu’elle sait trouver les moyens pour grossir ou les seins, si cela plait à son mari ou à son monde tant mieux », mentionne-t-il.

 Il a par ailleurs indiqué que les femmes sans les rondeurs portent mieux les vêtements. « En Afrique de toute façon, on voit la femme belle avec des rondeurs. En occident les mannequins n’ont ni chair, ni fesses, ni seins de trop, elles présentent bien les vêtements. Elles sont tellement minces mais le vêtement va mieux quand il est très près du corps. Ici on a pas la possibilité  de le faire parce que les femmes sont assez rondes ».

Selon  Pathé’O, ‘’ la femme en général est belle.  Changer le teint, la forme, ne fait pas forcément d’une femme la femme idéale. L’idéal pour lui, serait ‘’de garder son teint et soigner son look dans la façon de se vêtir et rester assez sobre ».

Marina Kouakou

Lemediacitoyen.com

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