Si l’ex-président de l’Assemblée nationale était resté dans le giron du Rhdp, le peuple aurait-il eu vent de cette affaire ? Pour l’heure, l’AJT a fait son travail car c’est de l’argent du contribuable ivoirien dont il est question, mais il ne faudrait pas que cette traque soit sélective, circonstancielle et « climato-politique ». Tous les biens des personnalités de tous les camps doivent passer à la loupe des instances de contrôle de la République.
Une petite réflexion sur l’affaire Guillaume Soro. Cette affaire qui suscite des déclarations, des débats, des attaques de chaque camp sur les réseaux sociaux. Nous ne sommes ni juriste, ni avocat et nous n’allons défendre personne dans cette affaire judiciaire. Que la vérité éclate et que notre justice soit impartiale. Mais un aspect mérite une analyse de la déclaration du procureur de la République, Adou Richard.
Il a animé une conférence de presse le 26 décembre 2019. Il déclarait ceci : « Je voudrais porter à votre connaissance que le vendredi 20 décembre 2019, le Parquet a été saisi d’une plainte formulée par l’Agent Judiciaire du Trésor (AJT) contre Messieurs Cissé Mory, Koné Kamarate Souleymane, N’guessan N. Réné, la Société Civile Immobilière ÉBUR (SCI EBUR), Soro K. Guillaume et autres pour les faits de détournement de deniers publics, recel de détournement de deniers publics portant sur la somme d’ un milliard cinq cents millions de francs CFA (1.500.000.000 F CFA) et complicité desdits faits.
A l’appui de sa plainte, l’AJT expliquait avoir découvert un relevé du Trésor public duquel il résultait que la somme indiquée plus haut avait été transférée sur le compte de Maître Réné N’guessan, Notaire en résidence à Abidjan, pour l’acquisition d’un bien immobilier en 2007.
Le 26 septembre 2019, ayant constaté que ledit bien immobilier n’avait jamais intégré le patrimoine immobilier de l’Etat, et que bien au contraire, le gérant de la SCI EBUR tentait de procéder à son immatriculation dans les registres de la conservation de la propriété foncière et du domaine, une réquisition était adressée à l’officier public, qui confessait avoir conclu avec les fonds publics reçus, la cession projetée au profit de la CSI EBUR, d’un terrain urbain bâti sis à Abidjan-Marcory, quartier résidentiel ».
De tout ce qui précède, il faut comprendre que l’argent est sorti des caisses du Trésor pour servir à l’achat d’un bien immobilier. Par la suite, il devrait figurer dans le patrimoine de l’Etat, mais ne l’est pas. Première question de 2007 à 2019, pourquoi l’AJT réagit il maintenant ?
Des contrôles au niveau de notre administration ne sont-ils pas faits de façon périodique, mensuelle, ou annuelle pour évaluer le patrimoine de l’Etat ? Ou la période du « mariage » heureux entre le président de la République Alassane Ouattara et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro a fait oublier cette affaire immobilière à l’AJT ?
Si l’ex-président de l’Assemblée nationale était resté dans le giron du Rhdp, le peuple aurait-il eu vent de cette affaire ? Pour l’heure, l’AJT a fait son travail car c’est de l’argent du contribuable ivoirien dont il est question, mais il ne faudrait pas que cette traque soit sélective, circonstancielle et climato-politique.
Tous les biens des personnalités de tous les camps doivent passer à la loupe des instances de contrôle de la République. Cela remet en cause la bonne gouvernance dans la déclaration des biens des personnalités.
Mais quel le rôle de la Haute autorité de la bonne gouvernance (Habg) dans toute cette idylle ? Je vous livre les objectifs et missions de cette institution.
« Il s’agit de soumettre tous les acteurs publics ayant un positionnement administratif et politique de premier plan ou assurant des charges majeures en matière de gestion publique, à l’obligation de faire connaître, chacun, son patrimoine au début et à la fin de ses fonctions ou de son mandat pour une meilleure appréciation de la variation de celui-ci.
Quelques missions : « De mener des investigations sur les pratiques de la corruption, d’identifier les auteurs présumés et leurs complices et d’initier les poursuites, de recueillir de centraliser et d’exploiter les dénonciations et plaintes dont elle est saisie, de recevoir les rapports d’inspections et d’audits des organes et structures de contrôle et de détection de l’Etat en matière de lutte contre la corruption, de saisir le procureur de la République près la juridiction compétente.
Ce bien immobilier fait-il partie ou pas de la liste du patrimoine déclaré par l’ex-Premier ministre à la Habg ? A mon avis, tout naturellement, la Hagb devrait être la première à saisi t le Parquet. Avait-elle fermé les yeux sur ce bien immobilier du fait du bon ménage en son temps dans la grande cour familiale du Rhdp ?
Nous n’accusons personne mais chacun doit faire son travail au premier et dernier jour. Les institutions de la République ne devraient pas donner l’impression au peuple, qu’elles travaillent toujours à l’approche des élections présidentielles.
Et que des affaires sont déterrées subitement. J’espère que le pouvoir travaille dans la transparence et dans l’intérêt du peuple, car l’histoire a démontré que lorsque vous n’êtes plus au pouvoir, vos adversaires d’hier feront sortir de vos placards, tous vos péchés, et dossiers sales. Donc, Rhdp, PDCI, FPI, PIT, MFA, LIDER et tous les autres, asseyez-vous bien sur vos tabourets !
Les personnalités incarnant l’Etat, les présidents de partis politiques, les élus locaux, tous doivent être intègres, propres et non traîner des dossiers sales pour ensuite les utiliser pour se venger les uns contre les autres. Le peuple n’a pas besoin de cela mais de se soigner correctement et de se nourrir correctement.
N’Dri Koffi
Lemediacitoyen.com
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