Reportage/ Bounkani, Déficit de plateau technique, les malades se ruent vers les pays voisins

Le délai de construction de l’hôpital général de Doropo dans le Bounkani a expiré depuis deux ans (LMC)

Le Bounkani, région située au Nord-Est du pays manque de CHR et même d’hôpital général. Une situation qui conduit les populations à se diriger vers des pays voisins pour accéder aux soins de santé.  Le constat de l’équipe de Lemediacitoyen.com.

De Bouna, le chef-lieu de région au village le plus reculé, il n’y a pas d’hôpital général digne de ce nom et fonctionnel. Nous le constatons au cours de notre périple dans la région du Bounkani (Nord-Est) courant avril 2019.

Les nouveaux bâtiments de l’hôpital de Bouna sont encore fermés.  Nassian, Téhini et Doropo chefs-lieux de Département, dans la même région, ne disposent pas non plus d’hôpitaux généraux. Partout ce sont les dispensaires, soit des hôpitaux de premier contact. L’hôpital général de Doropo en construction a vu les travaux abandonnés depuis trois ans. Portant sur la pancarte du projet, le délai d’exécution est fixé à 12 mois, soit un an. 

La cerise sur le gâteau est que la région ne dispose pas de pharmacie. Le seul magasin sur lequel il est inscrit Pharmacie est à Bouna.  Selon les témoignages recueillis auprès des populations, cette enseigne manque bien souvent de médicaments. Dans les villes, vous trouverez des dépôts de médicaments de rue comme palliatif. 

Ruée vers les pays voisins pour se soigner

Pour faire face à la  situation, les populations quittent bien souvent le pays. << Nos populations vont  se soigner au Burkina Faso. Elles bénéficient  là-bas de la gratuité ciblée car  les enfants de moins de 5 ans sont soignés gratuitement. Et la pharmacie la plus proche chez nous en Côte d’Ivoire est à Bondoukou, à plus de 200 km.  Donc nous préférons aller à Kamti au Burkina Faso, soit  à 20 km pour les soins et les achats de  médicaments >>, affirme Nouffé Martin, Président de la Jeunesse communale de Doropo interrogé par le reporter de lemediacitoyen.com.

 Se diriger vers les pays limitrophes pour se soigner ?  Une réponse intrigante.  Le chef de Village de Vargbo (Sous-préfecture) va plus loin dans les révélations. Selon lui, certaines populations ne  se considèrent même plus comme ivoiriens car elles estiment que  l’État  les a abandonnés.

À Nassian, un leader d’opinion, Kobenan Henio  ironise : << ici, l’État préfère s’occuper des animaux que de s’occuper des hommes. Ici les animaux sont mieux traités que nous en tout >>, fait-il allusion au parc national de la Comoé situé dans les environs.

Le Bounkani est l’une des  plus grandes régions du pays en termes de superficie. Il s’étend sur une superficie de 22 091 km2. La population est estimée à 267 167 habitants. Malheureusement, la localité souffre de manque d’infrastructures de bases. Devant cette réalité, les populations locales optent pour la résilience.  Il faut louer leur courage. Dans des  villages, les populations se sont elles-mêmes cotisé pour la réalisation d’infrastructures.

Le 26 avril 2019, au cours de la signature d’un accord avec Agentis International, en présence du ministre Adjoumani Kobenan à Abidjan, une annonce a été faite. Il s’agit de  l’installation à Bouna, dans le Bounkani, d’un noyau chaud comprenant un laboratoire, un bloc opératoire, un service d’urgence, une maternité et une pédiatrie.

C’est l’occasion d’interpeller le gouvernement afin d’accélérer  les initiatives de développement dans la zone frontalière.  Notamment, en bouclant les chantiers pour faciliter l’accès aux soins de qualité.

Alain Touré

Lemediacitoyen.com

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