Analyse/ Cadres du RHDP, la perte de pouvoir, une hantise obsessionnelle dangereuse/ par Dr Agoubli Paul, enseignant

Que craignent Ahoussou Jeannot, Kobénan Adjoumani et les autres pour s’accrocher si désespérément au pouvoir ? (…) l‘angoisse des cadres du RHDP est dangereuse en ce qu’elle clive, enferme dans des cloisons étanches, désigne l’autre (en l’occurrence le PDCI, le FPI et tout ce qui respire…) comme le MAL absolu à quoi il faut faire obstacle par tous les moyens. Ce discours comme cette posture sont d’une nocivité extrêmement grave…

J’écris ces lignes avec délicatesse au nom de mon amitié pour des frères d’hier et d’aujourd’hui dont je respecte le militantisme sincère et dont je ne veux pas heurter la sensibilité.

Peut-être ces amis chers conviendront de condamner au nom de la mesure et de la raison les discours antirépublicains que tiennent leurs responsables politiques car ils sont dangereux pour la cohésion sociale. En effet, en écoutant les propos de MM. Kobénan Kouassi Adjoumani et Jeannot Ahoussou Kouadio à Didiévi hier, on peut se surprendre à penser que les raisons de l’activisme des leaders du RHDP résident essentiellement dans la peur de perdre le pouvoir et de subir les aléas ou les conséquences de la vulnérabilité de la condition du citoyen ordinaire. Mais il s’agit là du quotidien de millions d’Ivoiriens qui doivent faire avec un système judiciaire en crise parce que justement 8 ans après son arrivée au pouvoir le régime actuel s’est montré peu soucieux de faire progresser l’état de droit et de libérer la justice de toute emprise politicienne.

De fait, quand l’on croit la démarche du RHDP objective, elle se révèle au contraire le témoignage d’un inconscient collectif fortement marqué par la hantise et une angoisse obsessionnelle dont chaque week-end de propagande ajoute une ligne macabre à cette atmosphère surréaliste de fin de mandat ou de règne.

Ainsi, ce dimanche 2 juin, c’est dans les mots du Président du Sénat qu’il fallait rechercher les traces de ce nouvel évangile de l’angoisse en particulier lorsque Monsieur Ahoussou Kouadio, reprenant à son compte les propos du Président de l’Assemblée Nationale, a déclaré : 《Si nous perdons le pouvoir, nous irons tous en exil》. Puis la grande recrue du RHDP d’enrichir et d’asséner : 《Moi, je n’ai pas envie d’aller en exil》.

Mais enfin, pourquoi les cadres du RHDP devraient-ils s’exiler si le pouvoir échappait à ce groupe d’intérêt ? Est-ce un crime que de gouverner pour que la perte du pouvoir signifie votre bannissement, cela contre les principes mêmes de la constitution qui interdit de contraindre quiconque à l’exil ? Quel est ce pays où la loi ne garantit pas la sûreté du citoyen mais sa position sociale ? Que craignent Ahoussou Jeannot, Kobénan Adjoumani et les autres pour s’accrocher si désespérément au pouvoir ? Tout ça pour ça donc!

Le pire dans ce réflexe de tribu assiégée dont on aurait pu s’amuser, c’est le bellicisme qu’il porte en ce qu’il présente une simple transition politique comme un prochain anéantissement, une apocalypse, la fin du monde. A ce titre, l’angoisse des cadres du RHDP est dangereuse en ce qu’elle clive, enferme dans des cloisons étanches, désigne l’autre (en l’occurrence le PDCI, le FPI et tout ce qui respire…) comme le MAL absolu à quoi il faut faire obstacle par tous les moyens. Ce discours comme cette posture sont d’une nocivité extrêmement grave, et la mise en scène au sens littéralement théâtral qui consiste dans l’affichage obscène des chefs coutumiers à chaque sortie des acteurs politiques (notamment de l’ancienne alliance du RHDP) fait le lit de conflits à venir dont la violence risque de nous surprendre tous. Quand on ne croit pas en la loi qu’on a eu tout pouvoir de restaurer, il est en effet de coutume que l’on creuse des tranchées en excitant les sentiments régionaux.

Au total, c’est le peuple de Côte d’Ivoire qu’il faut inviter à une extrême vigilance s’il arrivait aux politiciens en mal d’inspiration de vouloir le prendre en otage en lui vendant une communauté de destin (《les autres vont NOUS chasser TOUS…》) qui n’existe que dans l’esprit narcissique du manipulateur ; car, d’une part, nul n’aura à fuir (fuir et s’exiler n’ont pas le même sens) le pays après 2020 s’il n’a rien à se reprocher vis-à-vis de la loi, et d’autre part, le sort d’un individu qui a utilisé sa position dominante pour commettre des crimes dont il pourrait être amené à répondre devant la justice (non pas devant un tribunal politique) ne lie pas le frère ou la sœur du village.

C’est avec bienveillance et dans un esprit constructif que je le dis : le RHDP est en train de prêcher un évangile de la peur dont il faut prendre conscience et qu’il faut vigoureusement dénoncer parce qu’il prépare un avenir incertain pour nous tous.

Dr Agoubli Paul, enseignant-chercheur

Lemediacitoyen.com

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