Le 8 février dernier, le Président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire rendait le tablier ou plutôt le tabouret en conformité avec ses convictions d’homme de gauche arguait-il. Pour beaucoup d’observateurs politiques toutefois cette démission – on l’a dit forcée – cacherait, se murmure-t-il, la contrariété du désormais ex chef du parlement de s’être vu refuser sinon la présidence de la République, en tout cas celle du RDR qui lui auraient été promises.
Si ces hypothèses se vérifiaient, il ne s’agirait pas, du moins pas exclusivement, d’une séparation pour des raisons idéologiques mais plutôt de l’incidence d’une guerre de positionnement entre quatre blocs au moins au sein même du RDR, à savoir ceux de MM. Ouattara, de MM.Gon Coulibaly, de MM. Hamed Bakayoko et de MM. Guillaume Soro.
Qu’en est-il de l’idéologie, de la vision politique et des moyens intellectuels à mobiliser en faveur de la praxis sociale? En regardant du côté du RHDP et de ses anciens alliés, on ne la voit pas encore quoi qu’en disent certains amis chers. Notons cependant que cette défaillance à laquelle nous concluons n’est en rien liée à l’incompétence de la classe politique; elle s’explique par un environnement social marqué par l’absence extraordinaire de la classe intellectuelle dont notre brillant collègue Sylla Abdoulaye moquait 《le score ridiculement bas (des représentants) aux élections de 2010》.
Que l’USD, le PIT…, ces partis portés par des figures intellectuelles majeures et qui ne sont pas fondés sur des bases ethniques n’aient jamais pu mobiliser une masse critique d’électeurs, cela s’explique par la réalité implacable qu’en Côte d’Ivoire « le fait politique » – que subsume les replis identitaires à peine voilés – l’emporte sur le « fait civil « , et que « la société politique » domine sur « la société civile » qui reste pour beaucoup encore dans la posture lénifiante de l’enfance.
Quelles conséquences peut-on en tirer? Plusieurs, mais une seule nous intéresse. Elle porte sur le positionnement du Lider du Prof. Mamadou Koulibaly et fait notable sur l’envergure que prend cette formation politique. À ce titre, l’avènement de Lider constitue le véritable événement politique de ces dernières décennies (1990-2015).
L’un des témoignages de cette nouveauté vient de nous être donné ce jeudi 14 février 2018 à travers une vidéo diffusée sur les Réseaux Sociaux Numériques dans laquelle le Prof. d’université au-delà de la charge administrée contre l’exécutif a fait montre d’une lucidité sans égale en adressant, par le fait de la nommer, la confrontation dialectique entre la « société politique » et la « société civile » l’une démeurant jusqu’à nos jours, le tiers état de l’autre de même que sa béquille accessoirement. Et c’est cela qui doit évoluer, qui doit changer.
En se tenant loin des coalitions qui se nouent et surtout en se gardant des discours régionalistes sur fond de phobies exacerbées comme si ces questions ne pouvaient être positivées, Lider offre à la Côte d’Ivoire une chance inouïe pour en arriver à la clarté du débat politique, du débat public.
La question qui se pose dès lors est celle de l’horizon d’attente, celle de la réception de ce signal par le personnel administratif et la classe intellectuelle seules à même de faire vivre cette 2e voie. Deuxième voie? Oui car dès aujourd’hui comme on le voit, contre le RHDP se constitu(en)t une sinon plusieurs coalition(s) (1ère voie).
Les Ivoiriens seront amenés à choisir entre l’une ou l’autre (à l’intérieur de cette 1ère voie) qui les installerait dans la logique politique qu’ils ont toujours connue ou sinon de s’ouvrir à une autre voie où la distinction nette est faite entre l’action politique et la dynamique sociale qui n’est jamais dévolue au politique.
P.S.: Je ne suis en campagne pour personne. J’essaie de nommer ce qui est et de voir ce qui pourrait arriver.
Dr Agoubli Kwadjané Paul-Hervé, enseignant
Lemediacitoyen.com
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