Avec l’acquittement de Gbagbo et de Blé GOUDE, la scène politique ivoirienne va connaître des chamboulements et une recomposition. Analyse des forces en présence.
– GBAGBO LAURENT, LE GRAND GAGNANT
Gbagbo sort grandi de la CPI. En effet, il a conservé presque la totalité de son l’électorat en dépit de quelques uns qui se disent déçus de la gestion de la crise post-electorale par Gbagbo (il a pensé à lui seul et non à son peuple). De plus, avec la gestion sociale de OUATTARA décriée par une partie de sa base, des personnes qui détestaient Gbagbo l’aiment aujourd’hui et seraient prêtres à voter pour lui s’il est candidat et cela partout en Côte d’Ivoire et surtout dans le monde paysan. Gbagbo a devant lui deux possibilités. Soit il décide d’être acteur de paix et s’éloigne de la politique après des discours et des actes de paix et de réconciliation. Dans ce cas, il deviendra l’homme politique le plus aimé de presque toute la population et deviendra à coup sûr un acteur de paix, de négociation dans la sous région, en Afrique et dans le monde. Soit il décide de revêtir son manteau de candidat à la présidentielle de 2020. Dans ce cas, il a plus de chance que les autres d’être au second tour.
– GUILLAUME SORO : LA JEUNESSE, LE DISCOURS RÉPUBLICAIN ET RÉCONCILIATEUR SONT SES ATOUTS
Apres GBAGBO LAURENT, Guillaume SORO est celui à qui bénéficie la libération de Gbagbo. En effet , il est le seul jeune qui se démarque du VIEUX TRIPLÉ ( ADO, BÉDIÉ ET GBAGBO) . Dans un pays où les jeunes de tout bord veulent jouer un rôle et surtout que pour certains les vieux n’ont pas su être à la hauteur après la mort du père de la nation , il pourrait avoir des jeunes de tous les partis politiques même s’il faut reconnaître que la libération de Gbagbo réduit ses chances et son influence dans l’ancienne Galaxie patriotique. Certains jeunes de l’ancienne LMP qui préféraient SORO aux autres acteurs vont revoir leur positions avec cette libération. En interne (RDR) SORO pourrait être à nouveau adoubé car à part Alassane OUATTARA, aucun autre leader dans cette formation ne peut tenir face à un GBAGBO ragaillardi. La libération prochaine d’Alain Lobognon pourra être prise comme un acte d’apaisement entre SORO et la direction actuelle du RDR-RHDP. SORO pourra également compter sur le fait que très tôt (2012) il a commencé à parler de réconciliation et à avoir été le premier acteur de premier plan, en dehors de l’opposition, à d’abord demander la libération de prisonniers politiques en Côte d’Ivoire et à officiellement souhaité la libération de Gbagbo et Blé GOUDE. Par ailleurs, il n’a jamais rompu ses liens avec des proches de Laurent Gbagbo, même si dans la base certains ne lui pardonnent pas de n’avoir pas opté pour Gbagbo pendant la crise.
– BÉDIÉ : L’ÂGE JOUE CONTRE LUI
Après sa rupture officielle avec OUATTARA, Bédié a presque conservé son électorat, à défaut des cadres qui lui ont tourné le dos pour le RHDP unifié. La base du PDCI est presqu’unanime que BÉDIÉ a pris la bonne décision en se séparant de OUATTARA car à part les militants du centre principalement , les autres trouvaient cette alliance contre nature . L’ handicap de BÉDIÉ c’est son âge. Plusieurs de ses militants même s’ils sont d’accord pour sa séparation avec OUATTARA voient d’un mauvais œil qu’il veuille lui même être candidat.
– ALASSANE OUATTARA : LE GAGNANT SOLITAIRE MAIS LE PERDANT COLLECTIF
Alassane OUATTARA a déjà presque fini ses deux mandats. Il ne perd rien à la libération ou non de Gbagbo. En 2020, s’il ne pense qu’à lui, il se retire et va loin certainement de la Côte d’Ivoire et de sa politique. Mais pris dans son groupe, il perd gros car il n’a plus les 32% de son électorat de 2010. Beaucoup sont découragés par sa politique sociale et la mauvaise qualité des infrastructures qui devaient être le point fort de son bilan. Par mauvaise qualité, entendez les infrastructures qui se dégradent facilement. De 2010 à maintenant, il a perdu plus de militants qu’il n’ en a gagné . SORO Guillaume est parti, si les choses restent à l’état avec un grand nombre de ses militants. Si Ouattara est lui-même candidat en 2020, avec des élections transparentes, à l’état actuel des choses, ce n’est pas sûr qu’il passera le premier tour. Avec la Nouvelle donne, Mabri, Alcide Djédjé, Allou Eugène resteront difficilement dans une alliance qui les empêchera de grandir. Affi N’Guessan, lui, a déjà annoncé les couleurs : il se mettra avec Gbagbo en cas de libération.
Alain Touré
Lemediacitoyen.com
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