Ancien proche d’Ibrahim Coulibaly dit IB, un rival de Guillaume Soro du temps de la rébellion armée, Doumbia Kader réapparaît ces derniers mois sur la scène médiatique ivoirienne. A travers un communiqué rendu public le 12 juin 2019, il annonce la création d’une association dénommée Victimes de Guillaume Soro (VGS). Lemediacitoyen.com a voulu en savoir davantage. Interview !
Lemediacitoyen.com a reçu un communiqué de presse annonçant une association dénommée les victimes de Guillaume Soro et signé de vous comme président et porte-parole. Confirmez-vous en être l’auteur?
Je vous remercie pour l’interview que vous accordez à l’association VGS créée en France le 27 mai 2019 sous le numéro W442024000. Je vous confirme être le président du VGS et l’auteur de ce communiqué de presse.
Pourquoi avez-vous choisi la France comme territoire de naissance de votre association alors que vous fréquentez Abidjan. Dans votre communiqué, vous annoncez même une conférence de presse pour bientôt en Côte d’Ivoire…
Je serai effectivement à Abidjan dans les jours à venir pour animer une conférence de presse. La création de l’association en France est purement stratégique pour nous et cela facilitera la tâche à nos avocats. Dans la procédure judiciaire, nous pourrions bénéficier de l’aide d’autres associations ici. Il faut aussi noter que plusieurs victimes sont résidentes en France, en Belgique et un peu partout en Europe.
Vous portez des accusations graves contre l’ex PAN et vous situez vos griefs de 2002 à 2011. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de vous manifester?
Personnellement, ma position par rapport à Guillaume Soro a été toujours claire et pour moi il est infréquentable. Aujourd’hui, plusieurs victimes et familles de victimes se reconnaissant dans ce combat que j’ai toujours mené
se sont jointes à moi au VGS. Il faut noter que parmi nous, victimes, certains vivaient dans le silence par peur de représailles.Chaque chose a son temps, ce qu’il faut retenir c’est que l’association est née et regroupe aujourd’hui que les victimes et familles de victimes de Guillaume Soro.
Il est tout de même curieux que vous vous souveniez subitement des présumés victimes. Qu’est ce qui s’est passé pour que leur sort vous interpelle maintenant?
Cette question me dérange. Pour votre information, le VGS ne regroupe que les victimes et familles de victimes de Guillaume Soro. Doumbia Kader, que je suis, est un rescapé des assassinats imputables à Guillaume Soro, ce qui m’a valu mon exil en France. Ce n’est donc pas un souvenir soudain mais j’ai toujours été en contact avec les autres victimes.
N est-ce pas une machination politique quand vous évoquez la présidentielle de 2020 dans vos motivations et quand on sait le contexte de guéguerre entre les anciens alliés du Rhdp ?
Ma position est connue de tout le monde. Je ne suis à la solde de personne. La guéguerre entre Guillaume Soro et le RHDP ne concerne que les pro Soro et la famille RHDP. Et j’avais prédit cette situation le 01 juin 2006 dans une interview réalisée par votre collègue Guillaume Gbato de notre voie dans laquelle je disais , je cite : « Soro va bientôt déclarer la guerre à Ouattara pour le contrôle du RDR ». Cette situation est sans surprise pour moi. Pour 2020, le VGS se battra afin que le voile soit levé.
Vous annoncez une série d’actions qui n’excluent pas la justice. Or la dénomination de votre association semble conclure. Comment justifiez-vous la dénomination de votre association?
Cette association ne peut être appelée autrement que ‘les Victimes de Guillaume Soro’ dans la mesure où les membres ne sont que ses victimes.
Quelles sont les preuves qui vous permettent de formuler de graves accusations contre l’ex Président de l’Assemblée nationale ?
Nous savons dans quel combat nous sommes engagés. Pour ce qui est des preuves nous n’avons pas à les remettre à la presse. Nous travaillons d’arrache pieds avec nos avocats pour présenter un dossier solide à la justice.
Vous insistez sur la période de 2002 à 2011. N’êtes-vous pas sensible aux lois d’amnistie prises sous Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ?
Nous n’ignorons pas les différentes lois d’amnistie. Cependant, amnistie ou pas, nous sommes et nous resterons à jamais ses victimes.
On constate que ce n’est pas votre première sortie dans ce sens. Vous aviez animé en février 2019 une conférence de presse pointant du doigt Guillaume Soro. Mais vous ne semblez n’avoir pas encore porté plainte. N’est-ce pas un acharnement ou une opération de communication ?
Qu’est ce que vous appelez acharnement ? Le fait d’exposer le vrai visage de Soro Guillaume que vous appelez acharnement ? Je ne le pense pas. Pensez-vous une seule seconde aux différentes familles des 82 personnes qui ont péri dans le conteneur à Korhogo ? Qu’est ce que vous dites à la famille de Bamba Kassoum dit Kass, à la famille d’Adams, à la grande famille Timité de Séguéla pour leur fils Tipisco ? Qu’est ce qu’on dit aux enfants de Koné Morel ? Que dire à la famille Koné d’Odienné pour leur fils Koné Moussa dit Barbu ? Sans oublier les autres que je ne citerai pas ici.
Une opération de communication ? Mais il faut que le débat s’ouvre entre Guillaume Soro et ses victimes que nous sommes un jour. C’est cela aussi qui fait le charme de la démocratie.
En citant tous ces noms, vous faites allusion à la crise interne dans le camp rebelle de l’époque. Etes-vous en contact avec Soro Guillaume, comment réagit-il à vos sorties ?
Comment rentrer en contact avec celui qui a tenté de vous assassiner ?C’est imprudent d’entrer en contact avec quelqu’un qu’on juge peu fréquentable.
Interview réalisée par mail par Nesmon De Laure
Lemediacitoyen.com
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