Affaire Gbagbo et Blé Goudé, voici les dernières nouvelles  de la Haye

Eric Aimé Semien, président de l'OIDH (au micro) lors de la session 2019 du dialogue société civile-CPI à la Haye.(DR)'
Eric Aimé Semien, président de l'OIDH (au micro) lors de la session 2019 du dialogue société civile-CPI à la Haye.(DR)'

A  l’initiative de la coalition mondiale pour la Cour Pénale Internationale  (CPI), un dialogue annuel a lieu entre la Cour et la société civile.  L’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme (OIDH) qui s’intéresse à la justice post crise a participé à la session de 2019 qui a pris fin ce jeudi  23 mai à la Haye. Eric Aimé Semien, le président de l’OIDH interrogé par lemediacitoyen.com explique les enjeux de cette rencontre pour la Côte d’Ivoire.

Démarré en début de semaine, le dialogue 2019 entre la société civile et la Cour Pénale Internationale (CPI) a pris fin ce jeudi 23 mai. L’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme (OIDH)  vient d’y participer pour la quatrième fois.  Contacté à la Haye depuis Abidjan, Eric Aimé Semien, président de l’Observatoire explique les enjeux de la session.

«  Elle vise à créer un dialogue permanent et un cadre de d’échange et de coopération entre la cpi et la société civile engagée sur les questions de justice pénale internationale. Grossomodo, il s’agit de faire un point annuel sur le fonctionnement de la cour, les affaires et situations en cour, puis de permettre à la société civile de soumettre ses préoccupations. Il s’agit d’un dialogue direct et sans tabou. Le procureur, les juges, le greffe, tout le monde est présent pendant une semaine chaque année ».

A en croire le président de l’OIDH, cette année, le format de la rencontre   n’a pas changé. Mais pour le public ivoirien, le changement se situe au niveau de la récente actualité dans l’affaire Gbagbo-Ble Goudé, c’est-à-dire, entre autres,  la décision d’acquittement, la liberté conditionnelle, la suite de la procédure et  le sort des victimes.

Bensouda réitère son désir de faire appel…

« Notre réoccupation cette année  porte sur des clarifications procédurales dans l’affaire Gbagbo Blé Goudé. Il y a eu beaucoup de développement en janvier dernier et la décision d’acquittement est toujours attendue. Le temps mis à rédiger cette décision compromet les droits de La Défense, les intérêts des victimes, le droit du procureur de faire appel etc. Nous n’avions pas compris ce long temps. Il est bon que l’on ait les motivations de cet acquittement pour la mémoire collective ivoirienne. 

Nous avons beaucoup échangé avec ces personnalités. Il en ressort que la décision sera bientôt écrite et tout le monde sera situé sur la suite de la procédure. La procureure a annoncé son désir de faire appel (ainsi qu’elle l’a publiquement annoncé en janvier dernier) », précise Eric Aimé Sémien.

Qu’en est-il du dédommagement des victimes ? « Normalement il n’y a pas de dédommagement en cas d’acquittement. Seule la clôture  définitive de l’affaire va nous situer, notamment si appel aboutit », indique le président de l’OIDH.  Le défenseur des droits de l’homme rend compte également de l’affaire Côte d’Ivoire II, terme utilisé par le bureau du procureur pour faire allusion aux victimes attribuées au camp Ouattara.  « Il ressort juste que ça avance et que des résultats verront le jour lorsque le moment sera opportun », informe-t-il.

Par ailleurs, dressant le point des affaires en cours, M. Semien note l’affaire Dominique Ongwen d’Ouganda qui est  phase de procès. Pour ce qui est de l’affaire Al Hassan du Mali, le procès de  la confirmation des charges débutera en juillet. La CPI a également entre les mains, l’affaire  Bosco Ntaganda de la RDC. Interrogé par lemediacitoyen.com sur l’avenir de la Cour devant les critiques qu’elle essuie, le défenseur des droits de l’homme est sans ambages.

« La CPI est bien consciente que de nombreuses attentes sont en train d’être déçues par son travail. On donne beaucoup  d’espoir aux victimes et après les décisions qui tombent semblent dire que le bureau du procureur n’a pas fourni assez de preuves », fait-il allusion au  procès Gbagbo et au procès Bemba selon son dire.

Semien salue toutefois l’adoption du document de politique stratégique du procureur pour 2019-2021. « Ce document qui a été soumis à notre appréciation pour amendement mentionne dans un de ses points importants qu’il faut renforcer les enquêtes. Ceci est crucial et nous attendons de voir comment cette métamorphose va s’opérer. Il ne faut pas poursuivre pour poursuivre, mais nous attendons des preuves et des témoignages solides. Ceci est valable non seulement pour le procès en cours Gbagbo Blé Goudé, mais éventuellement pour les affaires à venir. A défaut de le faire, la CPI risque de se discréditer au fil du temps », met-il en garde.

L’OIDH  travaille sur le procès Gbagbo depuis 2014.  L’ONG a  suivi  les étapes de la procédure à travers un  monitoring. « En le faisant, nous entendons observer ce procès afin d’être témoin de l’histoire et attester du caractère équitable ou non de cette procédure. En matière de droits de l’homme, un procès s’observe, tout comme des élections » rappelle le spécialiste.

Nesmon De Laure

Lemediacitoyen.com

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