Confinement pour coronavirus, les 6 conseils de Dr Alain Tresor Diby, sociologue

Dr Alain Tresor DIBY, sociologue, est Chercheur au Laboratoire de Sociologie Économie et d’Anthropologie des Appartenances Symboliques (Laasse) à l’Université Felix Houphouët Boigny. (UFHB) .Il intervient sur les implications sociologiques du confinement en ce temps de riposte à la maladie à coronavirus.

 

Qu’entendre par confinement du point de vue sociologique ?

De prime abord, disons que le confinement est une situation socialed’enclavement exceptionnelle en vue de prévenir tout risque de conséquence nucléaire ou de contagion et de propagation de virus pandémique. Ce qui est le cas malheureusement avec le coronavirus actuellement en Côte d’Ivoire et le reste du monde. Soulignons que la Côte d’Ivoire n’a jamais vécu une telle situation auparavant même après la crise post-électorale, donc c’est un fait majeur et unique dans l’histoire de cette jeune nation.

 

En dehors de l’aspect médical lié au coronavirus , que peut être le bénéfice du confinement partiel imposé par l’Etat pour les familles ?

Cette décision de l’Etat est  salutaire dans la mesure où elle permettra de canaliser la propagation du virus COVID 19 en Côte d’Ivoire.

À ce propos, notons trois aspects bénéfiques de ce confinement social pour les populations et notamment la famille vue les mutations sociales et les enjeux qui sont en cours aujourd’hui dans la société et qui touchent de plein fouet cette structure sociale.
D’abord d’un point de vue relationnelle, l’avantage est que le confinement permettra aux deux acteurs clés de la famille (l’homme et la femme) d’exercer leur emprise sur cette entité sociale au lieu que cela soit dévolu à un seul acteur (la femme ou l’homme) encore moins à une tierce personne (servante) comme c’est le cas de voir dans certaines familles ou la femme et le mari travaillent et ce, durant toute la semaine.

L’ autre avantage relationnel est que dans cette recomposition qui existe dans la plupart des familles, l’on a tendance à voir généralement la femme jouer le rôle de cheffe de famille en lieu et place de l’homme alors que l’action socialisante de la progéniture devrait être partagée ou disons équilibrée.

D’un point de vue idéologique, l’impact sur la famille sera bénéfique en ce sens qu’il permettra de donner à chacun des acteurs qui la compose un sens à la famille, à l’envie de se retrouver avec les siens plus régulièrement, en tout cas pendant 15 jours. La famille subit depuis plus de 20 ans en Côte d’Ivoire des transformations sociales où la représentation de celle-ci dépend d’un certain nombre de facteurs endogènes comme exogènes, donc le confinement vient à point nommé pour rééquilibrer les choses.


Enfin du point de vue symbolique, l’avantage de ce confinement permettra à cette dernière de se réinventer, c’est-à-dire se connaitre à nouveau et trouver certainement les pratiques sociales pour raffermir les liens familiaux, luttant ainsi contre certains comportements rétrogrades visant à détruire la relation en question.


En somme, le confinement social sera bénéfique en ce sens qu’il permettra de raffermir les liens sociaux dit familiaux qui permettront à chaque acteur concerné de se protéger certes des risques de contagions du virus mais bien au-delà de permettre à la famille de survivre face aux enjeux sociaux de notre temps qui exigent que l’un ou l’autre soit moins présent pour construire ce modèle de famille préconisé entre temps.

 

Lire aussi:
Focus/ Secteur éducation-Formation, une fiche lemediacitoyen.com pour comprendre l’ébullition du front social

Et qu’en est il des familles monoparentales ?

Ce confinement social apparaît comme une aubaine pour rapprocher la mère ou le père de leur enfant.

Ce rapprochement favorisera ainsi le remodelage des rapports sociaux de base vis à vis de chaque acteur afin qu’ils puissent bénéficier de la présence continue de l’autre durant cette période de confinement. Car rare sont même les parents qui consacrent pleinement du temps à leurs enfants également à cause d’un emploi du temps chargé au travail.

A côté de cela , en restant un peu plus ensemble surtout avec l’enfant surtout dans cette période , cela permet d’harmoniser sa vision qu’on a aussi bien du contrôle parental mais surtout de l’enfant en lui-même.

Beaucoup de parents pensent avoir les pleins droits sur l’enfant alors qu’avec la modernité , désormais l’enfant a aussi des devoirs mais également des droits que le parent doit connaître et l’accepter comme par exemple le droit de se divertir le droit a la parole , le droit à la santé le droit à l’amour, le droit a l’éducation, etc.

Ainsi, ce confinement permettra aux acteurs de réapprendre à se connaître en cimentant leurs liens sociaux par la mise en place de sociabilité comme le jeu, l’écoute , le dialogue, etc .

 

Lire aussi:
Littérature ,   Meiway préface un livre sur la politique 

Faut il pas craindre une lassitude au sein des familles au bout d’un certain temps ?


Bien évidemment, il peut y avoir une certaine lassitude. Voilà pourquoi, il faut innover. Il s’agit ici plus d’innovation sociale basée sur le dialogue, la communication, le respect mutuel, l’écoute mutuel, etc. chaque acteur dans la famille doit créer ainsi les conditions sociales des liens familiaux qui éviterons à l’un ou à l’autre de tomber dans la lassitude puisque quand les liens deviennent redondants, on finit par s’ennuyer.

Comment peuvent réagir les personnes ordinairement solitaires devant un confinement « forcé « ?


Le confinement exige un minimum de lien social avec autrui pour espérer surmonter cela. Pour ce genre de cas, il faut d’abord respecter ce mot d’ordre de l’Etat. Ensuite il faut faire preuve d’ingéniosité.

Aujourd’hui, avec internet, nous sommes devenus un village planétaire dans lequel les liens sociaux forment une toile d’araignée. Alors c’est en créant des relations sociales physiques ou virtuelles qu’on peut surmonter son confinement social. Tout bien considéré, le confinement nous impose de créer des liens directs ou indirects nous permettant d’échapper au laxisme et la lassitude donc de ne pas se retrouver seul.

 

Que conseillez vous aux personnes extraverties dans cette situation spéciale ?

 

A la différence des personnes introverties, les personnes extraverties ont de fortes chances de se sentir emprisonnées d’une part, d’être entre quatre murs mais le respect de ces mesures s’impose. Mais généralement ce sont des personnes de contact, et l’avantage qu’elles ont est de remodeler leur comportement en s’intéressant à leur entourage direct .

Ce genre de personne peuvent s’en sortir en axant leur relations sociales sur ce qu’elles peuvent trouver autour d’elles car l’extravertie est quelqu’un qui créer les relations sociales en l’absence même de celle-ci d’autre part. en somme ce sont des personnes ouvertes et facile de contact qui peuvent s’adapter aux circonstances.

Quels sont vos conseils d’usage pour un confinement réussi ? 

 

Lire aussi:
Fakenews autour de la Covid-19, des outils distillés aux journalistes pour plus de vigilance

Le confinement social que nous impose cette situation exceptionnelle de pandémie nous demande de fabriquer de nouveaux systèmes de relations sociales, de pratiques sociales et de comportements sociaux adaptés à la circonstance actuelle. Un défi difficile à relever mais pas impossible. pour cela je préconise six solutions.

Premièrement, faire beaucoup de lecture ; ensuite, faire du sport régulièrement. Il faut également jouer aux jeux ludiques comme le scrabble, le Ludo, le Monopoly.

Quatrième solution, il faut regarder la télévision. Cinquièmement, aller sur internet (Facebook, twitter, instagram) pour échanger.La solution numéro 6 est de  faire la cuisine en apprenant de nouveaux mets .

Tout ceci, permettront aux acteurs sociaux (seul ou familial) conifnés de supporter le confinement mais surtout raffermir les liens sociaux en proie à des transformations sociale tendant à la recomposer ou l’affaiblir. Pour la famille, le dialogue doit être de mise afin de renouer avec les liens affaiblit ou disparates qui étaient à la source de conflits conjugaux ou de générations (rapport parents/ enfants).

Nous pouvons conclure que derrière ce confinement sanitaire existe aussi une autre facette d’ordre social avec des enjeux impliquant surtout les acteurs sociaux entrez eux . Ce confinement permettra donc d’une autre manière de créer de nouvelles formes de sociabilité entre les acteurs sociaux. Ce qui participera ainsi au raffermissement des liens affinitaires, conjugaux, de parenté, amicaux, etc. Ce qui a l’avantage de briser le mur de la peur de contagion et de l’isolement social.

Interview réalisée par Nesmon De Laure

Lemediacitoyen.com



 

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*