J’ai été récemment invité dans le village de Mahibouo par le président de sa mutuelle pour un projet inédit qu’il compte réaliser dans le canton Paccolo. En effet, il s’agit de la construction d’un complexe sportif qu’il entend offrit à cette population chère à lui. Le village est situé dans la sous-préfecture de Gagnoa, à moins de neuf (9) kilomètres de la ville.
Dans ce village, où vivent environ 600 âmes, l’un des faits qui a attiré mon attention, c’est de constater l’absence des animaux dans les rues, comme on le voyait dans nos villages. Ce n’était pas la nuit. En plus de cela, je n’ai vu aucune feuille trainer dans les rues. Je dis bien, aucune feuille. J’ai trouvé cela étrange. Curieux de nature, et bien évidemment ayant le réflexe quotidien du journaliste que je suis, j’ai cherché rapidement à avoir de plus amples informations sur ce fait.
J’ai d’abord eu un entretien avec une femme âgée, ensuite, avec le chef du village. Au cours de notre échange, il m’a fait savoir que le fait de ne pas voir d’animaux se pavaner dans le village découle d’un arrêté préfectoral qui s’adresse à tous les villages. Lequel arrêté exhorte les populations à concevoir un enclos et y terrer leurs animaux afin d’éviter que les populations chopent une quelconque maladie due aux excréments ou aux odeurs ou bien encore aux autres déchets provenant de ces animaux. Et que chez lui, les populations ont encore le mois de février pour épouser cette information. Passé ce délai, tout animal que l’on trouvera dehors sera considéré comme sans propriétaire. De ce fait, il sera attrapé, ligoté et bouffé par le chef du village, et puis ya foye, comme on le dit si bien chez nous.
Même s’il faut avouer que cet arrêté est venu un peu tardivement, il est quand même bien de souligner que chez nous, beaucoup de choses sont en train de s’améliorer. Et c’est vraiment bon à savoir. Quant au sujet de l’absence des feuilles et autres saletés dans son village, il a précisé qu’il a lancé une opération dénommée « village propre », qui engage chaque villageois à veiller à la propreté de son environnement. Evidemment, toute personne qui ne respectera pas ce principe sera automatiquement sanctionnée en bonne et due forme.
Si cette poignée d’habitant du village a pu cerner le message de leur chef et s’attèle à respecter leur loi, je ne comprends donc pas pourquoi nous qui nous disons ou nous jouons aux intellectuels derniers cris, n’arrivons pas à faire de même en ville. C’est triste de constater que des gens civilisés salissent volontiers des voies publiques, par un simple jet de saleté. Je me demande parfois ce que ce geste nous procure.
Jusqu’aujourd’hui, des animaux continuent de circuler librement dans nos quartiers, salissant nos rues et ruelles, sans que personnes ne trouvent à redire comme si c’était normal. On a des gens qui se sont fait cogner, des champs qui ont été détruits, entre autres, par la faute des bœufs et autres animaux dans nos quartiers et ce fait a créé ce que ça créée. Pourquoi ne pas par exemple, demander aux bergers de conserver leurs animaux dans un enclos et leurs apporter la nourriture ? Pourquoi ? Non seulement, ça éviterait que nos rues soient remplies d’excréments et puer d’urines de ces animaux, mais également ça nous évitera d’attraper une maladie.
Si maintenant au village on n’accepte plus certaines choses, franchement, ce n’est pas en ville qu’on laissera faire. Quand même !
Boris Anselme Takoué,
Journaliste-écrivain
borisanselme8@gmail.com
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